Anarcho-individualisme

L'anarcho-individualisme est une philosophie promouvant la liberté de l'individu face à la société, et voyant dans l'État - mais aussi dans toutes sortes d'organismes ou organisations collectives non associatives - l'ennemi par excellence de cette liberté politique. Le moyen prôné par l'individualisme anarchiste est l'association libertaire.

Au sein de l'anarchisme, il s'oppose franchement au collectivisme libertaire, et parfois au capitalisme. Il est violemment critique quant au communisme.

Max Stirner est considéré comme le fondateur et le premier théoricien de cette forme de l'anarchisme, cousine par de nombreux aspects de l'anarcho-capitalisme.

Principes de l'anarchisme individualiste

L'anarchisme individualiste est l'une des branches de l'anarchisme qui se caractérise par une forte emphase sur l'individualisme, la souveraineté individuelle et la primauté de l'individu sur l'État ou toute autre forme d'autorité. L'une des caractéristiques notables de l'anarchisme individualiste est son rejet de la violence ou de l'"action directe" en tant que moyen de provoquer des changements sociaux. Au lieu de cela, les anarchistes individualistes prônent l'éducation et la conviction rationnelle comme moyens de faire accepter l'équité individuelle et de créer une société non coercitive.

Voici quelques éléments clés de l'anarchisme individualiste, y compris son rejet de la violence et son emphase sur l'éducation et la conviction rationnelle :

• 1. Rejet de la violence : Contrairement à certains courants anarchistes qui ont utilisé la violence comme moyen de renverser les structures de pouvoir, les anarchistes individualistes sont enclins à rejeter la violence comme étant incompatible avec leurs valeurs. Ils croient en l'autonomie individuelle et en l'évitement de toute forme de coercition, y compris la violence.

• 2. Action directe non violente : Plutôt que de recourir à des actes violents, les anarchistes individualistes préfèrent l'action directe non violente. Cela peut inclure des méthodes telles que la désobéissance civile, la non-coopération, les grèves de la faim et d'autres formes de résistance passive.

• 3. Éducation et conviction rationnelle : Les anarchistes individualistes croient en l'éducation comme moyen de changer les mentalités et de faire accepter l'idée d'une société non coercitive. Ils estiment que la persuasion rationnelle est un outil puissant pour influencer les opinions et les comportements des individus. L'éducation est considérée comme un moyen de créer une société basée sur la compréhension mutuelle et le consentement volontaire.

• 4. Équitabilité individuelle non coercitive : L'objectif de l'anarchisme individualiste est de créer une société dans laquelle chaque individu a la liberté de poursuivre ses propres intérêts et valeurs, tout en respectant les mêmes droits des autres. Ils cherchent à établir une équité individuelle basée sur le respect des droits de propriété personnelle et la non-coercition.

En résumé, l'anarchisme individualiste se distingue par son rejet de la violence comme moyen de provoquer des changements sociaux. Les anarchistes individualistes croient en l'éducation, la conviction rationnelle et l'action directe non violente comme moyens de promouvoir l'équité individuelle et de créer une société basée sur la liberté individuelle et la non-coercition. Cette approche met l'accent sur l'autonomie individuelle et la primauté de l'individu dans la société.

Rôle primordial du principe de la propriété de soi (self-ownership)

Le principe de la propriété de soi, ou self-ownership, joue un rôle primordial dans le cadre de l'anarchisme individualiste, en tant que fondement philosophique et moral de la liberté individuelle. Ce concept affirme que chaque individu possède un droit absolu sur son propre corps, sa propre personne et ses propres actions. Dans le contexte de l'anarchisme individualiste, cela signifie que personne ne peut légitimement revendiquer de contrôle ou d'autorité sur un individu sans son consentement. Ce principe établit ainsi une barrière morale contre toute forme d'oppression, qu'elle vienne de l'État, de la société ou d'autres individus.

L'idée de self-ownership remonte aux premiers penseurs de l'anarchisme individualiste, tels que Josiah Warren et William Lloyd Garrison, qui ont affirmé que chaque être humain possède une souveraineté inhérente sur lui-même. Cette souveraineté implique le droit de disposer de son propre corps, de prendre des décisions autonomes et de rechercher son propre bien-être sans ingérence extérieure. Ce principe rejette toute forme d'esclavage, de domination ou de contrôle coercitif et constitue le fondement de la conception anarchiste de la liberté individuelle.

Dans le cadre de l'anarchisme individualiste, le self-ownership est souvent associé à d'autres principes comme le libre arbitre, la responsabilité personnelle et le respect mutuel. Il justifie non seulement la liberté individuelle, mais aussi la responsabilité de chaque individu envers les autres et envers la société dans son ensemble. En reconnaissant et en respectant le self-ownership de chacun, les anarchistes individualistes promeuvent un modèle de société basé sur le consentement volontaire, la coopération libre et le respect des droits individuels.

Auteurs historiquement importants

• Josiah Warren
• William Godwin
• Max Stirner
• Benjamin Tucker
• Lysander Spooner
• Anselme Bellegarrigue
• Émile Armand
• Han Ryner
• Georges Palante
• Voltairine de Cleyre
• Libertad
• Alexandra David-Néel

Anarchistes individualistes contemporains

• Wendy McElroy
• Jean Victor Verlinde
• Crispin Sartwell

Personnages de fiction

• Le Comte de Monte Cristo

Citations

• Nous sommes tous les deux, l'État et moi, des ennemis... Tout État est une tyrannie. (...) L'État ne poursuit jamais qu'un but : limiter, enchaîner, assujettir l'individu, le subordonner à une généralité quelconque. (Max Stirner, L'Unique et sa propriété, 1844)
• L’anarchie c’est l’ordre, et le gouvernement la guerre civile. (Anselme Bellegarrigue, 1848)
• Je n'ai pas d'idéal social. Je crois que toute société est par essence despotique, jalouse non seulement de toute supériorité, mais simplement de toute indépendance et originalité. J'affirme cela de toute société quelle qu'elle soit, démocratique ou théocratique, de la société à venir comme de celle du passé et du présent. - Mais je ne suis pas plus fanatique de l'individu. Je ne vois pas dans l'individu le porteur d'un nouvel idéal, celui qui incarne toute vertu. Je détruis toute idole et n'ai pas de dieu à mettre sur l'autel. (Georges Palante)
• Je ne suis pas anti-social, je suis asocial. Je suis toujours resté indifférent à la société et l'ai toujours considérée comme existant en dehors de moi et moi comme n'y participant pas, tout au moins volontairement. (C.-F. Ramuz)

Bibliographie

• 1970, James J. Martin, "Men against the State: The Expositors of Individualist Anarchism in America, 1827–1908", Colorado Springs, CO: Ralph Myles Publisher

• 1987, William Gary Kline, "The Individualist Anarchists: A Critique of Liberalism", Lanham, MD: UP of America

• 1994, Frank H. Brooks, dir., "The Individualist Anarchists: An Anthology of Liberty (1881-1908)", New Brunswick, NJ: Transaction

• 1995, Gregory P. Pavlik, commentaire du livre de Frank H. Brooks, dir., "The Individualist Anarchists: An Anthology of Liberty (1881-1908)", The Freeman, April, Vol 45, n°4, pp266-267

Voir aussi

• Anarcho-capitalisme
• Anarchisme
• Collectivisme libertaire
• Individualisme

Liens externes

• (fr)Une réflexion sur l'individualisme anarchiste.
• (en)The Origins of Individualist Anarchism in America par Murray Rothbard
• (en)The schism between individualist and comunist anarchism in the nineteenth century par Wendy McElroy

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