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Jean-François Revel

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Jean-François Revel
Journaliste, Philosophe

Dates 1924 - 2006
Jean-François Revel
Tendance Libéral de gauche
Nationalité France France
Articles internes Autres articles sur Jean-François Revel

Citation
Interwikis sur Jean-François Revel

Jean-François Revel, né le 19 janvier 1924 à Marseille et mort le 30 avril 2006 à Paris, est un écrivain et journaliste français, membre de l'Académie française de 1997 à sa mort.

Biographie de Jean-François Revel

Il est résistant pendant la Seconde Guerre mondiale à Paris sous la direction d'Auguste Anglès.

Étudiant de l'École Normale Supérieure et agrégé de philosophie, il enseigne à l'étranger (en Algérie, au Mexique puis en Italie) puis en France à Lille, jusqu'en 1963. Ensuite, il se consacre à sa carrière de journaliste et d'écrivain. Philosophe, pamphlétaire, essayiste, il collabore à France-Observateur, puis à L'Express, puis au Point. Adversaire résolu de l'autoritarisme gaulliste, il publie un pamphlet décapant Le Style du Général en 1959, puis des chroniques politiques comme En France (1965) ou Lettre ouverte à la droite (1968). Sa contestation des institutions de la Ve République se poursuivra sans faiblir jusqu'à la fin de sa vie, comme en témoigne la parution en 1992 de L'Absolutisme inefficace.

En 1970, il publie son premier essai politique à grand succès, Ni Marx ni Jésus, reportage sur les évolutions politiques, sociales et culturelles aux États-Unis à la fin des années 1960. Socialiste déclaré jusqu'au début des années 1970, il continuera de se réclamer de la gauche, estimant qu'elle n'est pas condamnée aux recettes marxistes et dirigistes. C'est pourquoi il dénonce avec fermeté le pacte de programme commun unissant les socialistes et les communistes et se sépare de François Mitterrand (dont il fut proche au temps de la FGDS - Fédération de la Gauche démocrate et socialiste). Il a brièvement collaboré au Canard Enchainé dans les années 1970 sous le pseudonyme de Théophraste Muret. En 1976 il sort La Tentation totalitaire ; puis, un an après, La Nouvelle Censure qui analyse avec acuité et humour la réception du précédent essai.

Revel invente en 1979 la formule "le droit d'ingérence" (reconnaissance du droit qu'ont une ou plusieurs nations de violer la souveraineté nationale d'un autre État), droit qui ne fait pas l'unanimité parmi les libéraux, et qui a depuis été transformé en "devoir d'ingérence".

Depuis les années 1980, Revel oscille entre le libéralisme conservateur, partisan d'un État fort, mais limité à ses fonctions régaliennes, et le néoconservatisme (dont témoignent, par exemple, Comment les Démocraties finissent en 1983 et, plus récemment, L'Obsession anti-américaine en 2002). Selon Pierre Boncenne, ce serait Revel qui aurait soufflé en privé à Mitterrand sa célèbre phrase : "Je constate que les pacifistes sont à l'Ouest et que les missiles sont à l'Est."

Il a été élu le 19 juin 1997 à l'Académie française au 24e fauteuil. Un de ses fils est Matthieu Ricard, d'obédience bouddhiste, écrivain, et proche du Dalaï Lama.

Citations

  • « L'idéologie, c'est ce qui pense à votre place. »
  • « Un système philosophique n'est pas fait pour être compris : il est fait pour faire comprendre. »
  • « Ce que les Français détestent, ce ne sont pas les inégalités, ce sont les inégalités autres que celles qui sont octroyées par l'État. »
  • « Le XXe siècle a été, au-delà de toute limite jusque-là connue, celui du vice. »
  • « Le plus piquant est que l'État, quand il veut corriger - lisez : escamoter - ses erreurs économiques, les aggrave. Il peut se comparer à une ambulance qui, appelée sur les lieux d'un accident de la route, foncerait dans le tas et tuerait les derniers survivants. »
  • « Il ne faut pas considérer le libéralisme comme l'envers du socialisme, c'est-à-dire comme une recette mirobolante qui garantirait des solutions parfaites, quoique par des moyens opposés à ceux des socialistes. »
  • « Il n'y a aucun mérite à corriger les inconvénients du régime d'assemblée en se jetant de tout son poids dans le régime de pouvoir personnel et réciproquement. Ou encore à endiguer les débordements possibles d'un "gouvernement des juges" en asservissant le pouvoir judiciaire. Dans la bonne constitution, doublée du bon usage, aucun des trois pouvoirs n'empiète sur l'autre, mais aucun non plus n'est empêché par les deux autres de remplir la fonction qui lui revient. La "solution française" hélas ! a consisté à trancher la tête du patient pour le guérir de la migraine. »
  • « C'est que le contraste éclate entre l'immensité du pouvoir d'un homme qui a tous les moyens d'agir et cette pseudo-communication d'esquive, d'éloge intarissable de soi-même, de reconstruction rétrospective de la réalité, de mise au pas, de revanche et de réprimande. L'"État-spectacle" que dénonçait R.-G. Schwartzenberg chez Valéry Giscard d'Estaing, non seulement s'est fait encore plus pharaonique, mais il s'est doublé de la bouffissure d'un autre fléau : l'État bavard. »
  • « Nous n'avons peut-être pas de cour, mais nous avons des courtisans. Nous n'avons peut-être pas de monarque, mais nous avons des sujets. Est-ce là un jugement trop sévère ? Je ne le crois pas. La tyrannie se définit depuis toujours comme le système dans lequel les pièces dépendent d'un seul homme. Elle peut être débonnaire, elle n'en est pas moins la tyrannie. »
  • « Il serait sans doute excessif et injuste d'écrire que l'information est interdite dans une moitié du monde et fausse dans l'autre. Car elle est interdite dans beaucoup plus de la moitié du monde. »
  • « J'ai lutté contre le communisme avant tout au nom de la dignité humaine et du droit à la vie. Que la faillite permanente et ridicule des économies administrées ne fût pas sans apporter quelques arguments aux économistes libéraux - encore que bien des socialistes le nient aujourd'hui farouchement - c'était incontestable, mais ce n'était pas l'essentiel. Quand on se trouve dans une prison doublée d'un asile de fous et d'une association de meurtriers, on ne se demande pas s'il faut les détruire au nom du libéralisme, de la social-démocratie, de la "troisième voie", du "socialisme de marché" ou de l'anarcho-capitalisme. »
  • « Lorsqu'on constate que l'économie de marché ne réussit pas à guérir instantanément les maladies du communisme, il faudrait se demander si c'est la faute de l'économie de marché ou la faute du communisme. Le communisme en miettes, ce n'est pas l'économie de marché. »
  • « La liberté selon les socialistes se définit comme la participation au pouvoir collectif et non plus comme l'extension du choix et de la responsabilité individuels, avec ses risques et ses récompenses, ses victoires et ses défaites, ses triomphes et ses humiliations. On a beau vouloir se distinguer des communistes, se laver du soupçon d'acheminer la France vers un État totalitaire larvé, se draper dans l'autre tradition, celle du socialisme de la liberté ou des courants qui, depuis la Renaissance, luttent pour la conquête d'une autonomie croissante de l'individu : il n'en reste pas moins que, tant dans leurs textes théoriques que dans leurs réformes ou actes de gouvernement, les socialistes préconisent des mesures qui conduisent infailliblement à la consécration d'une tradition où, comme disait Rousseau, tout citoyen se voit contraint d'être libre. »
  • « Lorsque, après le coup d'État d'octobre 1917, Trotski déclara que le gouvernement provisoire avait été "envoyé au dépôt d'ordures" (ce que les Français traduisirent avec bonheur par "était tombé dans les poubelles de l'histoire"); lorsque, en 1956, Khroutchev cria à des journalistes occidentaux : "Nous vous enterrerons tous !", le régime affichait son inébranlable confiance en lui-même, jointe à ses persistantes et indubitables dispositions d'éboueur et d'entrepreneur des pompes funèbres. Tout comme son héritier Mao avec ses Cent Fleurs, cultivées sans doute en vue de couronnes mortuaires, ainsi qu'on devait le découvrir. Mais, ce dont ces héros ne se doutaient pas, c'est que leurs propos allaient s'appliquer à eux-mêmes, au communisme et non au capitalisme. Ils commencèrent par enterrer une foule de communistes, bourrant leurs cimetières de leurs propres populations. Aujourd'hui, leur système à son tour tombe dans leurs chères "poubelles de l'histoire". »
  • « En Espagne comme en France, les socialistes ont une si haute idée de leur moralité qu'on croirait presque, à les entendre, qu'ils rendent la corruption honnête en s'y livrant, loin qu'elle ternisse leur vertu quand ils y succombent. »
  • « La différence entre l'éducation totalitaire et l'éducation libérale consiste en une distinction des plus simples : la première prescrit ce qu'il faut penser, la seconde enseigne comment penser »[1]

Citation sur Jean-François Revel

  • « Cet intellectuel qui fut tour à tour résistant, normalien, professeur de philosophie, puis tout ensemble journaliste, auteur de multiples best-sellers, critique d'art, gastronome et académicien était plus ou moins méprisé du sérail. Pourquoi au juste ? Parce qu'il osait n'être pas marxiste, soutenait que libéralisme et démocratie peuvent seuls assurer le développement social ? Cela ne jouait pas en sa faveur, mais son vrai crime était ailleurs. Dès 1957, il avait osé dire que les rois philosophes étaient nus, la Sorbonne un asile de gâteux arrogants et la philosophie une affaire classée depuis le XVIIIe siècle. » (Roger-Pol Droit)

Notes et références

  1. in Mémoires, 1997

Principales œuvres

  • Pourquoi des philosophes ? (1957).
  • Pour l'Italie (1958).
  • Sur Proust (1960).
  • La Cabale des dévots (1962).
  • Contrecensures (1966).
  • Ni Marx ni Jésus (1970).
  • La Tentation totalitaire (1976).
  • 1980, "The View from Paris", Encounter, December
  • La Grâce de l'État (1981).
  • Le Rejet de l'État (1984).
  • Une anthologie de la poésie française (1984).
  • Le Terrorisme contre la démocratie (1987).
  • L'Absolutisme inefficace, ou Contre le présidentialisme à la française (1992).
  • Le Regain démocratique (1992).
  • Histoire de la philosophie occidentale, de Thalès à Kant (1994).
  • Le Moine et le Philosophe (en collaboration avec son fils Matthieu Ricard) (1997).
  • Le Voleur dans la maison vide, Mémoires (1997).
  • Fin du siècle des ombres (1999).
  • 2000, La grande Parade. Essai sur la survie de l'utopie socialiste, Acheter en ligne
  • 2002, L'Obsession anti-américaine, Acheter en ligne

Littérature secondaire

  • 2014, Philippe Boulanger, "Jean-François Revel. La démocratie libérale à l'épreuve du XXe siecle", Paris: Les Belles Lettres, Coll Les penseurs de la liberté

Liens externes

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