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Raymond Poincaré

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Raymond Poincaré
homme politique

Dates 1860-1934
Raymond Poincaré
Tendance
Nationalité France France
Articles internes Autres articles sur Raymond Poincaré

Citation « Un banquier est toujours en liberté provisoire. »
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Raymond Poincaré, né le 20 août 1860 à Bar-le-Duc (Meuse) et mort le 15 octobre 1934 à Paris, est un homme d'État français. Il est le 10e président de la République française du 18 février 1913 au 18 février 1920.

Ministre, président du Conseil des ministres à trois reprises, Raymond Poincaré fut l'une des plus grandes figures politiques de la Troisième République. C’est un républicain libéral qui évolue du centre gauche au centre droit, à l’image de sa famille politique entre 1887 et 1929.

Un avocat entré en politique

Fils d’un polytechnicien et ingénieur des Ponts-et-Chaussées, cousin du mathématicien Henri Poincaré, il fait ses études secondaires à Nancy puis son droit à Paris, et devient avocat.

Il commence sa carrière politique comme directeur de cabinet du ministre de l’Agriculture Jules Develle (1886). Il est élu député de la Meuse en 1887 tout en poursuivant une brillante carrière d’avocat en fondant un cabinet réputé avec une clientèle dans les milieux des lettres, de la presse et des affaires. Il impose ainsi un nouveau type d’avocats : à côté de l’avocat politique et de l’avocat d’assises, l’avocat d’affaires. Le politique devait être marqué par l’avocat : ses discours souvent trop longs étaient logiques, argumentés et précis. Poincaré était avant tout respectueux du droit au point de montrer un esprit étroit et pointilleux. Froid et distant, il n’a jamais été un orateur capable d’embraser l’auditoire, tel Jean Jaurès ou Aristide Briand.

Il devient très vite ministre suite au scandale de Panama qui discrédite le haut personnel politique en place : à l’Instruction publique (1893 et 1895) et aux Finances (1894-1895). Il se rattache au centre gauche, celui des républicains modérés, les anciens opportunistes devenus les progressistes. Au moment de l’Affaire Dreyfus, il hésite avant de se rallier discrètement au camp dreyfusard. En effet, se voulant homme de consensus, il évite le plus possible de se mêler aux querelles politiques tout en ayant des amis chez les radicaux et les socialistes républicains. Cette prudence suscite les sarcasmes de ses collègues avocats, le voyant quitter la robe pour assister à une séance de la Chambre : « Il court s'abstenir ! »

Un républicain modéré

Elu sénateur de la Meuse en 1903, il devait se faire réélire à plusieurs reprises, jusqu’à son décès, dans la Haute Assemblée. Son caractère distant s’y trouvait plus à l’aise que dans le tumulte de la Chambre des députés. Il rejoint l’Alliance républicaine soucieux de se démarquer à la fois des « réactionnaires » et des « révolutionnaires ». Il se montre avant tout soucieux du « bon état des finances » et d’une séparation entre l’Église et l’État faite dans un esprit « libéral ». Il vote donc le texte présenté par Briand. Il participe au gouvernement Sarrien comme ministre des Finances en raison de la réputation d’homme honnête et estimé qu'il a patiemment forgé.

Les modèles politiques de Poincaré étaient les trois fondateurs de la République : Adolphe Thiers, l’homme de la « république conservatrice », Jules Ferry dont il admirait l’œuvre scolaire, et Gambetta, l’homme de la Défense nationale. Il s’agissait de faire des réformes sages et étudiées pour consolider le régime.

Il est élu à l’Académie française le 18 mars 1909.

Il dénonce le projet d’impôt sur le revenu présenté par Caillaux avant de s’y rallier du bout des lèvres, et s’impose comme un des leaders du parti républicain démocratique qui succède en 1911 à l’Alliance républicaine.

Au sommet de l’État : 1912-1920

Appelé comme président du Conseil en janvier 1912, dans un moment de crise après l'affaire d'Agadir, il s'impose comme l'homme qui peut joindre sagesse, autorité et compétence. Il forme un gouvernement qui compte Alexandre Millerand à la Guerre, Delcassé à la Marine, Albert Lebrun aux Colonies et Léon Bourgeois au Travail. Il témoigne ainsi de son désir de « grouper dans un même sentiment toutes les fractions du parti républicain » qui lui permet d’obtenir une très large majorité, les socialistes s’abstenant. Sa politique s’efforce de concilier l’équilibre budgétaire, la défense de l’école laïque, le vote du scrutin de liste à la proportionnelle et de l’impôt sur le revenu. Il est incontestablement populaire dans l’opinion publique.

Il a pris pour lui le portefeuille des Affaires étrangères et se montre ferme vis-à-vis de l'Allemagne tout en s'efforçant de resserrer les liens avec l'Angleterre et la Russie. Il fait d'ailleurs un voyage officiel à Saint-Pétersbourg en 1912.

Considéré comme candidat de gauche à l’élection présidentielle en raison de son engagement dreyfusard et pour la laïcité, de son mariage civil avec une Américaine divorcée, il réussit à se faire élire contre le candidat des radicaux, l’insignifiant Jules Pams, le 17 janvier 1913, au second tour, grâce aux voix de la droite qui apprécie son patriotisme. Il devait d'ailleurs se marier religieusement après son élection, ce qui est considéré comme un gage donné à la droite catholique.

Il n'a cessé de dénoncer l'amenuisement du pouvoir exécutif face au pouvoir législatif qui a instauré dans le régime la dictature capricieuse des parlementaires. Il veut appliquer la Constitution intégralement. Il soutient le vote de la loi de trois ans considérant la guerre comme inévitable. Les élections législatives de 1914 étant favorables à la gauche radicale et socialiste, il confie le gouvernement à Viviani qui est acquis au maintien de la loi militaire.

Sa présidence va coïncider avec la Première Guerre mondiale. Lors de son voyage officiel en Russie en juillet 1914, il incite la Russie à la fermeté, contribuant ainsi à l'engrenage fatal. C'est l'épisode le plus contesté de sa carrière politique qui devait lui valoir le surnom de « Poincaré-la-guerre ». Son message aux Chambres du 4 août utilise l’expression Union sacrée qui va s’imposer. Il se veut le symbole et le ciment de cette union des Français.

Il appelle au gouvernement Aristide Briand puis Georges Clemenceau. Patriote intransigeant, il est partisan de la victoire à tout prix. Il ne va cependant pas réussir à jouer un rôle important, étant mis à l’écart par les chefs du gouvernement sur le plan politique et par les chefs militaires pour la conduite des opérations. De plus, la tenue qu'il adopte pour se rendre au front lui donne l'apparence un peu ridicule d'un chauffeur de grande maison, loin de l'image qu'il pensait susciter. L'Union sacrée éclate en 1917. Partisan d'une paix dure, il ne peut empêcher Clemenceau de négocier des compromis avec les Alliés lors de la Conférence de la Paix.

Néanmoins, il jouit d’un grand prestige à la fin de sa présidence, même s'il ne se représente pas, considérant qu'il a échoué à l’Élysée.

L’homme providentiel

En 1920, il accueille le maréchal Foch sous la coupole comme simple académicien, même s’il est encore président de la République.

Après la guerre, il revient au Sénat puis, considéré comme un « recours », il exerce de nouveau à deux reprises les fonctions de président du Conseil : en 1922, il fait occuper la Ruhr pour obtenir le paiement des Réparations de guerre. Il se veut l'homme de l'exécution intégrale du Traité de Versailles. Les Anglo-saxons ayant encouragé la spéculation contre le franc, il se voit contraint de négocier. Néanmoins, il sauve le franc grâce à un prêt de la banque Morgan[1] et une augmentation de 20 % des impôts. Il établit ainsi sa réputation de magicien des finances. La victoire du cartel des gauches, due notamment à cette pression fiscale, l’oblige à se retirer en 1924.

En 1926, il est rappelé pour faire face à la crise financière et met en place une politique d’austérité. Sous prétexte de consolider le franc, le franc Poincaré prend acte de sa forte dépréciation par la dévaluation du 25 juin 1928 : sa valeur est désormais le cinquième de celle du franc germinal d’avant 1914.

Il se retire en 1929 en raison de ses problèmes de santé. Il se consacre à ses mémoires, Au service de la France. Sa dernière grande joie fut d’être élu bâtonnier de l’ordre des avocats de Paris en 1931. Il reçoit des funérailles nationales.

Sources

  • Pierre Miquel, Poincaré, Fayard, 1984.
  • Daniel Amson, Poincaré, l'acharné de la politique, Tallandier, 1997.
  • François Roth, Raymond Poincaré, Fayard, 2001.
  • « Raymond Poincaré » in Gisèle et Serge Bernstein, La Troisième république, MA éditions 1987, p. 245-248

Notes et références

  1. La banque Morgan fut fondée par J.P. Morgan

Liens externes


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