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Économie de l'offre
L'économie de l'offre (ou supply side economics) est un courant économique entamé au début des années 1980 aux États-Unis d'abord, en Europe ensuite.
Les économistes de l'offre : les premiers vainqueurs des économistes keynésiens
Pendant des années après la Seconde Guerre mondiale, les économistes keynésiens ont envahi le marché politique en avançant leur concept de demande agrégée résultant de la combinaison des dépenses publiques et privées. Ils ont complètement ignoré l'impact de leurs politiques sur l'offre. Ils n'ont pas vu les distorsions de prix causées par l'inflation et les impôts qui s'élevaient sans cesse.
Aussi, reprenant la tradition héritée de Jean-Baptiste Say (loi des débouchés), les économistes du côté de l'offre ont mis l'accent, au niveau de l'analyse, comme dans la politique économique, sur ce qui se passe « du côté de l'offre », c'est-à-dire du côté des entreprises, de la production, de l'effort productif. Ils rompent ainsi avec près d'un demi-siècle de pensée keynésienne, qui mettait l'accent exclusif sur la demande, et pour qui toute politique économique passait par la relance ou le freinage de cette même demande globale (consommation + investissement). Certes, l'affirmation est trompeuse et prête le flanc à la critique par les caricaturistes de gauche car, bien évidemment et surtout, les économistes de l'offre défendent les intérêts de la demande, c'est-à-dire les consommateurs. C'est plutôt en réaction à la rhétorique keynésienne avec sa psalmodie d'insuffisance de la demande qu'ils ont pris la parole au nom du producteur harcelé par les impôts et l'inflation et par des politiques qui ont sévèrement restreint l'esprit d'entreprise.
Un soubassement théorique robuste
L'économie de l'offre est une approche néo-classique microéconomique de l'analyse macroéconomique. Elle suppose que les marchés s'équilibrent rapidement s'il n'existe pas d'entrave de la part de l'État. Dans leur modèle, les producteurs (travailleurs, épargnants et investisseurs) réagissent rationnellement aux stimulations de futures récompenses entrevues. Elle mesure l'effet de la politique budgétaire sur le comportement des gens et sur la macroéconomie en examinant son impact sur le marché à partir du mécanisme puissant et efficace du signal des prix. Cela contraste avec la vision keynésienne selon laquelle les impôts et les dépenses publiques sont les seuls remèdes pour l'économie en modifiant directement le montant ou la composition de la « demande globale » de biens et de services.
Les partisans de l'offre estiment que l'épargne est indispensable à l'investissement. Par conséquent, sans épargne, il ne peut y avoir d'investissement. De plus, c'est l'investissement qui permet l'augmentation des salaires réels. Cette approche remonte à l'économiste français Jean-Baptiste Say qui affirmait que dans une économie, le niveau global de la demande dépend du niveau de la production. Au fur et à mesure que l'investissement et la production augmentent, la demande s'accroît également. En résumé, la production crée son propre pouvoir d'achat car elle verse des salaires et des dividendes qui entrent dans le flux des dépenses et des nouveaux investissements.
Les économistes de l'offre s'appuient sur le théorie marginaliste. Selon cette approche, la prise de décision économique se fait à la marge, expliquée selon une façon abstraite et théorique sur la dernière unité. L'affectation des revenus dépend de l'utilité marginale. Par conséquent, l'effet des impôts sur la décision d'un individu est extrêmement importante, d'autant plus si le système fiscal est progressif. C'est-à-dire que plus les revenus taxables s'élèvent et plus la décision économique est amputée par l'État, ou alors elle se dirige vers un secteur que le contribuable n'aurait pas nécessairement choisi sans l'intervention de l'État en matière fiscale. Les taxes modifient les prix ou les coûts relatifs et perturbent la relation entre l'effort au travail ou la recherche de l'oisiveté. De plus, lorsque l'inflation, créée implicitement par l'État afin de combler les déficits publics, accompagne le ralentissement profond de l'économie, le biais cognitif fiscal s'accroît sur le choix des individus entre le travail et l'oisiveté car elle augmente les taux marginaux réels de l'impôt sur le revenu.
La lutte contre la pression fiscale
Les économistes de l'offre dénoncent en priorité tous les obstacles qui se dressent sur la route des entreprises et des ménages et qui limitent leurs efforts productifs : c'est le cas des règlementations étatiques abusives et étouffantes (comme le blocage des prix ou des revenus) et surtout de la pression fiscale. C'est Arthur Laffer qui, dans sa célèbre courbe, a démontré qu'une forte pression fiscale ou parafiscale paralysait toute l'activité, décourageait la production, l'investissement, l'épargne, la créativité, etc.
Martin Feldstein, David Raboy, Norman Ture, Paul Craig Roberts et Victor Canto ont suivi le mouvement. Jude Wanniski et Nathan Lewis analysent rétrospectivement l'origine de la crise de 1929 sous l'angle de l'analyse de l'économie de l'offre. En France, Pascal Salin associe une vision autrichienne avec une analyse de l'économie de l'offre.
Les gouvernants ont été très longtemps sensibles aux sirènes keynésiennes, car elles leur donnaient l'illusion de manipuler facilement l'activité, en touchant à quelques grandeurs globales et en leur permettant, grâce aux déficits budgétaires, de dépenser plus qu'ils ne prélevaient. Depuis les années 1980, de plus en plus d'hommes politiques (Ronald Reagan aux États-Unis, Margaret Thatcher en Grande-Bretagne) ont compris les ravages causés par une pression fiscale excessive, l'intérêt pour l'économie dans son ensemble à libérer l'offre et à lui permettre de se développer sans contraintes.
Les économistes de l'École autrichienne sont très sceptiques sur les manipulations fiscales que peut créer le gouvernement pour soutenir l'économie. L'État risque de produire les mêmes effets néfastes en soutenant l'offre qu'il le fait en soutenant la demande, car il modifie les signaux du marché (prix relatifs, profit, taux d'intérêt). Comme le signale Richard Fink, par sa politique fiscale, l'économie de l'offre risque de désorienter les entrepreneurs et les faire investir dans des secteurs inappropriés de l'économie. C'est ce que les auteurs autrichiens, comme Friedrich Hayek, nomment le mal-investissement. Cette politique fiscale mal assurée mène à une crise économique inéluctable. Michael W. Spicer (1995) reprend l'argument de Friedrich Hayek et indique qu'il est trop difficile d'utiliser la politique fiscale afin d'encourager de façon intentionnelle des types particuliers de comportement économique.
Citations
- « La sempiternelle chanson du pouvoir d'achat : distribuer de l’argent développerait la demande et créerait des emplois. L’argument est erroné car le développement de la richesse pour tous ne repose pas sur la consommation mais sur l’action des entrepreneurs, seuls créateurs de richesse. De plus, avec la mondialisation, une grande partie du pouvoir d’achat distribué va enrichir les travailleurs chinois ou autres travailleurs lointains. » (Michel de Poncins)
Informations complémentaires
Bibliographie
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Voir aussi
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