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Vera C. Smith Lutz

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Vera C. Smith Lutz
Économiste

Dates 1912-1976
Vera Lutz
Tendance Libérale
Nationalité
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Citation
Interwikis sur Vera Lutz

Vera Lutz, née Vera Constance Smith, née en Angleterre le 28 avril 1912 et décédée à Zurich le 20 août 1976, est une économiste britannique, épouse de Friedrich Lutz. Elle a notamment travaillé sur la théorie du système de banque centrale. Il s'agissait de son sujet de thèse menée sous la direction de Friedrich Hayek (The rationale of central banking, en 1936, London: P.S. King).

Théorie de la banque centrale

Le raisonnement de la banque centrale et de son alternative, la banque libre constitue un travail très important sur la compréhension de l'accroissement de la banque centrale. Ce livre montre que cette pratique fut menée par les hommes politiques et par les besoins supposés de l’État. Il fut écrit à partir de la thèse conduite sous la direction de Friedrich Hayek. Vera Smith était alors économiste assistante au Comité économique Impérial. Elle montre qu'une banque centrale est fondée par l'aide directe ou indirecte d'un gouvernement, et qu'elle peut se reposer sur la protection du gouvernement, quelles que soient les conséquences de ses actes. Ses profits sont privatisés et ses pertes socialisées. La banque centrale, qui ne peut pas faire face à ses obligations, est autorisée à suspendre ses paiements.

Vera Smith estime un niveau élevé pour lequel un banque libre pourrait opérer sur le marché. Cette banque devrait accepter la demande dans des moyens de paiement généralement acceptés. Aucune banque n'aurait le droit de faire appel au gouvernement ou à n'importe quel autre établissement pour une aide spéciale en temps de besoin. Aucune banque ne pourrait donner sa devise forcée sous forme de billets en les déclarant monnaie légale pour tous les paiements, et il est peu probable que le public accepterait les billets inconvertibles d'une telle banque, excepté par un escompte variant avec la perspective de les voir de nouveau un jour convertibles.

Théorie de l'investissement

Vera Lutz fut l'épouse de Friedrich Lutz. Ils publièrent ensemble, en 1951, La théorie de l'investissement de la firme (The theory of investment of the firm). Mark Blaug, historien de la pensée économique, estimait qu'il s'agissait là d'un « livre difficile sur un sujet difficile, mais qui mérite d'être lu ».

Vera Lutz aborde le problème du développement économique. Selon elle, la décision d'investir est rationnelle car elle repose sur le principe de maximisation de l'investissement. Elle s'écarte des thèses keynésiennes en adoptant une démarche propre à l'école autrichienne d'économie. En effet, l'important n'est pas le niveau global d'investissement, mais sa structure sectorielle.

[Vera Smith] "considère donc comme essentielle la structure des taux de profit, laquelle dépend des prix relatifs des différents biens.
Pour développer l'industrie dans un pays à structure agricole, il faut que les prix respectifs des produts agricoles et des produits industriels ne se modifient pas au détriment de ceux-ci. Ceci implique que l'offre de produits agricoles ne soit pas trop rigide et que la demande de produits industriels soit suffisamment élastique par rapport au revenu. Une bonne connaissance de l'élasticité de l'offre et de la demande apparaît donc essentielle. "
Marie-Véronique Wittmann, 1992, Les femmes dans la pensée économique

Théorie du salaire dual

En Italie, Vera Lutz développe la théorie du dualisme du salaire. Mais ses travaux englobent l'ensemble des problèmes du développement économique et du marché du travail. Le cas italien lui sert d'exemple, et ses analyses théoriques ont été confirmées dans les faits dans de nombreux pays développés.

  • Real and monetary factors in the determination of employment levels [1952];
  • Italy : a study in economic development [1962].

Elle applique son analyse à l'Italie du sud dans les années cinquante, notamment concernant le problème de l'émigration (Italiens se rendant en Suisse) :

  • Foreign workers and domestic wage levels with an illustration from the Swiss case [1963].
« Son analyse s'écarte des thèses traditionnelles selon lesquelles les mouvements migratoires ont pour effet d'égaliser le niveau des salaires dans le pays de départ et dans le pays d'accueil. Ceci suppose un marché de travail unique dans celui-ci, alors que dans la réalité, le marché est segmenté en deux secteurs étanches, l'un réservé aux nationaux, l'autre aux immigrés. Ainsi, la réduction du niveau général des salaires ne concerne que les travaileurs immigrés. »
Marie-Véronique Wittmann, 1992, Les femmes dans la pensée économique

Toutefois, Vera Lutz estime que protéger les intérêts des travailleurs nationaux ne peut durer qu'un instant et non infiniment.

« Elle en déduit que l'attitude initialement favorable envers les immigrés se changera alors en hostilité, celle-ci se concrétisant par des propositions visant à empêcher l'entrée de nouveaux immigrants. »
Marie-Véronique Wittmann, 1992, Les femmes dans la pensée économique

À l'époque où Vera Lutz fait ses recherches, la théorie des Webb est le credo dominant. En effet, selon Sidney Webb et sa femme Béatrice Potter-Webb, économistes anglais, les syndicats désirent avoir une influence régulatrice sur le niveau des salaires dans les branches industrielles. Toutefois, à l’intérieur de sa sphère d’influence, le mouvement syndical n’accroît pas indéfiniment son expansion. Car une augmentation des salaires dans une branche industrielle crée un déséquilibre, compte tenu de la productivité marginale du travail. Et tous les travailleurs des autres branches en pâtissent.

Lorsque l'action syndicale a pour seul objectif déclaré des augmentations de salaires ou la réduction du temps de travail, alors elle adopte une stratégie efficace. Elle tente d'obtenir ces faveurs auprès des entreprises qui sont prêtes à concéder des augmentations. Mais ces dernières ne peuvent le faire qu'en réduisant les effectifs. Les autres entreprises voient arriver sur le marché une main-d'œuvre à faible niveau de technicité et à faible salaire. Vera Smith explique ainsi qu'en recherchant une augmentation des salaires dans une branche, les syndicats crée le dualisme des salaires, dont il est incapable d'amoindrir l'effet, et au contraire, l'aggrave en continuant sa stratégie.

Soucieuse de concilier la théorie marginaliste de la distribution des revenus avec les exigences de la justice sociale, Vera Lutz estime donc que l'augmentation des salaires doit s'accompagner d'une augmentation de la productivité du travailleur, et que la réduction des inégalités passe par une égalisation des conditions d'accès à l'éducation et à la formation."
Marie-Véronique Wittmann, 1992, Les femmes dans la pensée économique

Informations complémentaires

Publications

  • 1969, "Central Planning for the Market Economy, An Analysis of the French Theory and Experience", London: Longmans, Green and Co. Ltd.

Littératures secondaires

  • 1983, A. Graziani, "La théorie macro-économque de Vera Lutz", Quaterly review, Banca nazionale del Lavoro, mars, pp3-27
  • 1992, Marie-Véronique Wittmann, "Les femmes dans la pensée économique", Revue française d'économie, 7(3), été, pp113-138
  • 2007, Paloma de la Nuez Sánchez-Cascado, "La escuela austriaca representada en la obra de Vera Smith", In: Luis Perdices de Blas et Elena Gallego Abaroa, dir., "Mujeres economistas: las aportaciones de las mujeres a la ciencia económica y a su divulgación durante los siglos XIX y XX", pp411-433
  • 2018, Lucy Brillant, "Ursula Hicks’ and Vera Lutz’s contributions to development finance", In: Kirsten Madden, Robert W. Dimand, dir., "The Routledge Handbook of the History of Women’s Economic Thought", London: Routledge

Liens externes


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