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Utilisateur:Apollon/syndicats
Rôle des syndicats et du syndicalisme
I) un peu d'histoire.
L'histoire du syndicalisme français nait des ambiguïtés de la Révolution française. Pour le député Le Chapelier, auteur éponyme de la fameuse loi, le libéralisme commande d'affirmer la liberté du travail, alors empêchée par les nombreuses corporations : impossible d'être boulanger, maçon, artisan sans appartenir à celles-ci. Si elles assurent la formation des apprentis et un niveau de qualité, il s'agit avant tout de fermer les professions aux personnes extérieures, prévenir la concurrence et in fine maitriser les prix. Avec le décret d'Allarde du 2 mars 1791 et la loi Le Chapelier du 17 juin 1791, les corporations sont abolies et interdites, la liberté du travail proclamée - à un point peut-être excessif étant donné que même la faculté de médecine va être abolie et chacun pourra s'affirmer médecin !
Cette promotion radicale et naïve du libéralisme économique ne fut pas sans conséquence ennuyeuse. La destruction d'un obstacle à la liberté du travail avait pour pendant la destruction d'un de ces corps intermédiaires entre l'Etat et le citoyen, chers à Montesquieu. Si l'homme avait obtenu la liberté du travail, il se retrouvait en même temps toujours plus seul face à l'Etat. Comme l'a remarqué Frédéric Rouvillois, la destruction des media n'est-elle pas un trait caractéristique du totalitarisme ? Au nom de la liberté hier comme de l'intérêt général aujourd'hui c'est une fois de plus l'Etat qui accroissait son pouvoir. Albert Camus écrivait que chaque Révolution aboutit au renforcement de l'Etat. Les libéraux-conservateurs feront quant à eux remarquer qu'il accroit son pouvoir par des alliances avec les courants progressistes.
Il ressort de ces réformes révolutionnaires que le syndicalisme n'est pas permis du fait de la législation contre les corporations. Son émergence au XIXe siècle va donc être contrariée par la loi mais la législation a en quelque sorte ouvert la boite de Pandore en se mêlant de ce qui ne la regarde pas. Si elle a interdit et donc discriminé contre les associations d'ouvriers, elle pourra à l'inverse discriminer en leur faveur.
Le syndicalisme se développe de façon souterraine jusqu'à ce que ce que soient mises en place des législations plus favorables : en 1864, la loi Ollivier manifeste la libéralisation de l'Empire en supprimant le délit de coalition; en 1884, la loi Waldeck-Rousseau autorise les syndicats. Les auteurs de ces deux lois sont des libéraux.
Au XXe siècle se propage le socialisme politique. La Confédération Générale du Travail (CGT) et les autres syndicats cherchent à demeurer apolitique. Comme partout en France, le pacte germano-soviétique est extrêmement mal accueilli et tous les militants communistes de la CGT sont radiés. Mais à l'issue de la guerre le prestige du communisme s'est accru et la CGT suit la ligne dictée par le Parti Communiste Français.
II) Analyse
Les syndicats offrent un interlocuteur aux patrons pour négocier les contrats de travail de manière à ce que les deux parties soient réellement satisfaites : l'ouvrier parce qu'il a pu exprimer ses véritables revendications sans crainte, et l'employeur qui a obtenu un interlocuteur de poids, qui représente effectivement les salariés de sorte qu'il obtiendra bien la contre-partie prévue -le travail- et la loyauté de ses employés.
Contrairement aux socialistes, les libéraux n'assignent pas aux syndicats d'autre fin que celles fixées par les ouvriers : la recherche de l'amélioration de la condition des ouvriers et non pas la révolution.
De la revendication politique vient la mésentente entre les syndicats et les libéraux pendant le XXe siècle : les syndicats ont poursuivit des objectifs politiques tandis que les syndicats reprochaient aux libéraux de protéger les intérêts des riches. Il y a donc comme une idylle fachée...
Le mélange des genres entre syndicalisme et politique est allé loin. Au Royaume-Uni, le dernier premier ministre avant Thatcher était James Callaghan, l'homme des syndicats. Les servir était sa politique, les lois les protégeaient. Et pourtant, ce fut sous son mandat qu'éclata la grève du mécontentement, démontrant impeccablement la contradiction entre les politiques socialistes et l'intérêt des syndicats. James Callaghan luttait en effet contre l'inflation en recourant à un plafonnement des salaires, ce qui le plaça sous le feu des critiques de Margaret Thatcher ! Comme monétariste elle attribuait la cause réelle de l'inflation non pas à la hausse des salaires mais à la politique monétaire du gouvernement. C'est donc la Tory Thatcher qui réclamait l'abolition de la politique de contrôle des salaires contre le socialiste pro-syndicat Callaghan ! La campagne de 79 qui la vit au pouvoir fut donc l'occasion de se tourner vers l'électorat traditionnellement acquis aux travaillistes : la base syndicaliste et ce fut un franc succès électoral. La leçon est qu'une politique socialiste est une politique antisociale.
Quelques années plus tard en 1984-1985, Thatcher se heurte aux syndicats des mineurs, le NUM, dirigé par le gauchiste Arthur Scargill. Ce dernier assigne des objectifs politiques à son syndicat, l'entrainant dans une grève égoïste pour maintenir l'activité dans les puits de charbon déficitaire. Il entrainera ses grévistes au désastre, ils n'obtiendront rien de la dame de fer.
Thatcher luttera avec succès, non contre les syndicats, mais contre leur pouvoir excessif conféré par des législations complaisantes. Elle parviendra à abolir le closed shop, système qui contraint le salarié à se syndiquer dans le syndicat de l'entreprise. Le syndicalisme britannique a en quelque sorte été rationalisé.
En France, la situation est étrange : les syndicats n'ont de véritable représentation que dans la fonction publique. Les fonctionnaires syndiqués se chargent de manifester pour tout le corps social puisqu'il a davantage de sécurité pour le faire et il semble bien que la population sympathise avec eux en faisant abstraction de leurs privilèges. Il est vrai que les Français sont schizophrènes et veulent le service minimum tout en étendant le droit de grève. C'est le triomphe du "droit à ", qui illustre que les Français attendent les améliorations de leurs vies non pas de leurs représentants auprès de leurs employeurs mais par des législations... Il a fallu un ancien ministre socialiste, Michel Rocard pour rappeler que la croissance ne se décrète pas. Mais tel le cheval Malabar de la Ferme des animaux, il semble que l'opinion publique soit toujours d'accord avec le dernier qui s'exprime...
Quel rôle pour les syndicats ? La révolution pour les socialistes (ou tout du moins faire plier la démocratie), la réforme pour les libéraux, mais en réalité il semble que la fonction des syndicats français, statufiés, protégés par l'Etat jusqu'à l'impotence (le protection de l'Etat est décidément le moyen le plus sur d'anéantir), soit surtout d'accompagner autant que possible les aléas de l'opinion publique et offrir in fine un interlocuteur concret à l'Etat en faisant semblant de représenter les salariés.