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Théorie des perspectives

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La théorie des perspectives, développée par les économistes Daniel Kahneman et Amos Tversky, est l'un des piliers de l'économie comportementale. Elle propose une approche alternative à la théorie de l'utilité espérée et examine comment les individus évaluent et prennent des décisions dans des situations impliquant des gains et des pertes.

Selon la théorie des perspectives, les individus évaluent les résultats potentiels par rapport à une référence, généralement leur état initial, et attribuent des poids différents aux gains et aux pertes. Ils sont également sensibles à l'ampleur des changements plutôt qu'aux niveaux absolus. Cette approche met en évidence des biais de comportement qui peuvent influencer la prise de décision.

Analyse des biais de comportement dans la prise de décision

La théorie des perspectives identifie plusieurs biais de comportement courants dans la prise de décision :

1. Perte aversion : Les individus ont tendance à accorder plus de poids aux pertes qu'aux gains équivalents. La douleur de perdre est ressentie plus intensément que le plaisir de gagner. Par conséquent, les individus sont souvent prudents et évitent de prendre des risques lorsque des pertes potentielles sont en jeu.

2. Biais de certitude : Les individus ont une préférence pour les résultats certains plutôt que pour des résultats incertains, même si les résultats incertains pourraient être plus favorables en termes d'utilité espérée. Cela peut conduire à des choix suboptimaux basés sur une recherche de certitude.

3. Effet de cadrage : Les décisions peuvent être influencées par la manière dont l'information est présentée ou « encadrée ». Les individus réagissent différemment selon qu'une situation est formulée en termes de gains potentiels ou de pertes évitables, même si les résultats sont identiques.

Explication des concepts clés tels que la perte aversion et l'effet de référence

La perte aversion décrit la tendance des individus à accorder plus de poids aux pertes qu'aux gains. Cela signifie que la perspective de subir une perte a un impact émotionnel plus fort que la perspective de réaliser un gain équivalent. Par exemple, les individus peuvent être prêts à prendre plus de risques pour éviter une perte plutôt que pour obtenir un gain équivalent.

L'effet de référence est le point de comparaison utilisé par les individus pour évaluer les résultats. Habituellement, l'état initial ou la situation de référence est utilisé comme base de comparaison. Les résultats sont alors évalués en termes de gains ou de pertes par rapport à cette référence. Les individus sont plus sensibles aux changements par rapport à la référence qu'aux niveaux absolus. Par exemple, une augmentation de 100 € à partir d'un revenu initial de 1 000 € est perçue différemment d'une augmentation de 100 € à partir d'un revenu initial de 10 000 €.

Ces concepts clés de la théorie des perspectives démontrent comment les individus évaluent et réagissent différemment aux gains et aux pertes en fonction de leur cadre de référence et de leur aversion aux pertes. La perte aversion et l'effet de référence jouent un rôle crucial dans la prise de décision économique, car ils peuvent influencer les choix et les préférences des individus.

Lorsqu'ils évaluent les gains potentiels, les individus ont tendance à être plus prudents et à prendre moins de risques, car ils veulent éviter les pertes. Par exemple, un investisseur peut être réticent à vendre des actions même lorsque leur valeur a augmenté, de peur de manquer des gains futurs plus importants. Cette aversion aux pertes peut entraîner des comportements conservateurs et une résistance à changer les décisions prises précédemment.

L'effet de référence, quant à lui, influence la façon dont les individus évaluent les résultats. Par exemple, si une personne a reçu une prime de performance au travail, elle peut être plus satisfaite si la prime est plus élevée par rapport à son salaire de base initial. Cependant, si elle compare cette prime à celle de ses collègues et constate qu'elle est inférieure, elle peut être déçue, même si l'absolu de la prime est élevé. Les individus sont donc sensibles aux écarts par rapport à leur cadre de référence, ce qui peut influencer leur satisfaction et leurs décisions.

La théorie des perspectives met en évidence ces biais cognitifs et émotionnels dans la prise de décision économique. Elle remet en question l'idée de rationalité parfaite et souligne l'importance de comprendre comment les individus évaluent et réagissent aux gains et aux pertes. Ces concepts clés sont essentiels pour comprendre les comportements économiques réels et pour concevoir des politiques et des stratégies qui tiennent compte des réactions humaines dans le processus de prise de décision.

Critique de la Théorie des perspectives par les économistes de l'école autrichienne

Il est important de noter que l'école autrichienne d'économie présente une approche critique vis-à-vis de la théorie des perspectives et de l'économie comportementale en général. Les économistes autrichiens soulèvent plusieurs critiques fondamentales à l'égard de cette approche. Voici quelques-unes des principales critiques émises :

1. Individualisme méthodologique : Les économistes autrichiens critiquent l'utilisation de modèles agrégés et statistiques en économie. Ils insistent sur l'importance de se concentrer sur les actions individuelles et les préférences subjectives de chaque individu, plutôt que de généraliser des comportements sur la base de schémas psychologiques généraux.

2. Compréhension subjective : Les économistes autrichiens soulignent que les préférences individuelles et les choix sont des phénomènes subjectifs qui ne peuvent pas être pleinement capturés par des modèles psychologiques ou statistiques. Ils mettent l'accent sur l'importance de comprendre le processus de prise de décision de chaque individu dans son contexte unique, ce qui implique une analyse idiosyncratique.

3. Limites de la rationalité limitée : Les économistes autrichiens contestent l'idée selon laquelle les individus sont nécessairement "irrationnels" ou "biaisés". Ils soutiennent que les individus ont des capacités cognitives limitées, mais qu'ils sont toujours capables de prendre des décisions rationnelles en fonction de leurs connaissances et de leurs contraintes.

4. Mécanismes de marché : Les économistes autrichiens soulignent le rôle central des mécanismes de marché dans la coordination des actions individuelles. Ils insistent sur le fait que les interactions volontaires sur les marchés permettent aux individus d'exprimer leurs préférences subjectives et de trouver des arrangements mutuellement bénéfiques. Se concentrer uniquement sur les biais comportementaux constitue en lui-même un biais de compréhension comment les individus rationalisent leur recherche d'information incomplètes.

5. Hétérogénéité individuelle : Les économistes autrichiens soulignent l'hétérogénéité des préférences, des connaissances et des capacités des individus. Ils mettent en évidence le fait que chaque individu est unique et que des généralisations statistiques peuvent ne pas capturer la diversité des comportements économiques.

Il convient de noter que ces critiques ne rejettent pas nécessairement toutes les contributions de l'économie comportementale, mais elles mettent en évidence les limites et les simplifications inhérentes à cette approche. Les économistes autrichiens cherchent à intégrer une compréhension plus approfondie des préférences et des actions individuelles dans l'analyse économique, en mettant l'accent sur l'entrepreneuriat, l'innovation et les processus de découverte qui sont au cœur de leur approche théorique.