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J. L. Austin
J. L. Austin, de son nom complet John Langshaw Austin, (1911-1960) était un philosophe britannique, reconnu pour ses contributions à la philosophie du langage et particulièrement pour son développement de la théorie des actes de langage. Né à Lancaster, en Angleterre, il a étudié à Oxford et a enseigné à Magdalen College. Sa théorie des actes de langage, exposée dans How to Do Things with Words, remet en question l'idée que le langage sert uniquement à décrire des faits, soulignant plutôt que le langage est une forme d'action. Son travail a eu une influence significative sur la philosophie analytique et la compréhension du langage comme une activité accomplissant des actions spécifiques.
Méthode d'analyse d'Austin : actes locutionnaires, illocutionnaires et perlocutionnaires
- . Acte locutionnaire : utilisation d'une énonciation avec un sens et une référence plus ou moins définis. J. L. Austin a révolutionné l'étude des actes locutionnaires en soulignant que l'utilisation d'une énonciation ne se limite pas à sa signification littérale. Il a montré comment les actes locutionnaires vont au-delà de la simple transmission d'informations, incorporant des nuances de sens et de référence souvent négligées dans l'analyse courante du langage[1].
- . Les forces illocutionnaires : examen des forces commissives telles que les verbes promettre, parier, promettre, adopter, consentir. En introduisant la notion de forces illocutionnaires, J. L. Austin a exploré comment les énonciations vont au-delà de la simple locution pour accomplir des actes plus complexes. La force commissive, par exemple, implique un engagement à travers des actions telles que promettre, parier, adopter ou consentir[2].
- . Acte perlocutionnaire : effets produits par une énonciation, tels que convaincre ou persuader. J. L. Austin a élargi notre compréhension du langage en examinant les effets produits par une énonciation. Les actes perlocutionnaires se concentrent sur l'impact sur l'auditeur, que ce soit pour convaincre, persuader ou susciter une réaction émotionnelle. C'est une dimension souvent négligée mais cruciale du langage[3].
L'exploration des actes locutionnaires, illocutionnaires et perlocutionnaires selon la méthode d'Austin ouvre des perspectives riches sur la complexité du langage en tant qu'action et offre des outils cruciaux pour une analyse plus approfondie.
Application de la méthode à des expressions spécifiques
J.L. Austin, pionnier de la philosophie du langage, a appliqué sa méthodologie novatrice à des expressions spécifiques, révélant la richesse des nuances linguistiques souvent négligées. Cette exploration détaillée de ses analyses dans des contextes particuliers offre un aperçu éclairant de la façon dont le langage fonctionne comme une action complexe.
- .Distinctions subtiles entre mistake (erreur), accident (incident) et inadvertence (inadvertance). Dans A Plea for Excuses, J. L. Austin démontre sa méthode en examinant de près les nuances entre des termes apparemment interchangeables. Il souligne comment, loin d'être rigide, la langue offre des distinctions subtiles. Par exemple, il explore comment la différence entre une erreur (mistake), un accident et une inadvertance peut avoir des implications importantes dans la compréhension des actions humaines.
- . Signification de « Je peux si je peux ». J. L. Austin aborde la complexité des énoncés conditionnels dans « Ifs and Can's ». Il dévoile comment sa signification va au-delà de la simple possibilité physique. En analysant les nuances de ces expressions conditionnelles, Austin élargit notre compréhension de la portée des énoncés conditionnels et de la manière dont ils expriment l'interaction entre la capacité et les conditions préalables.
- . Exploration des réponses à la question « Comment connaissez-vous ? ». Dans Other Minds, J. L. Austin se penche sur la question complexe de la connaissance des états mentaux d'autrui. Il met en lumière les pièges linguistiques qui entourent cette question en examinant les diverses réponses possibles. En analysant les nuances des déclarations liées à la connaissance des autres esprits, Austin offre des perspectives nouvelles sur la nature du langage utilisé pour exprimer la compréhension des états mentaux.
- . Critique d'A. J. Ayer et des positivistes logiques. J. L. Austin engage une critique approfondie dans Sense and Sensibilia, remettant en question les positions d'A.J. Ayer et des positivistes logiques. Il expose les limites de l'empirisme logique en matière de perception sensorielle et explore comment le langage peut déformer notre compréhension de la réalité. Cette analyse critique sert à démontrer comment les choix linguistiques influent sur notre perception philosophique du monde.
Le langage comme sujet de théorisation
J. L. Austin a approfondi sa réflexion sur le langage en tant qu'entité théorique dans son œuvre majeure How to Do Things with Words. Il a transformé notre compréhension du langage en le considérant comme un moyen d'accomplir des actions, allant au-delà de la simple transmission d'informations.
Actes de langage et dynamique sociale chez J. L. Austin
- . Exploration du concept selon lequel dire quelque chose est aussi faire quelque chose. J. L. Austin s'aventure dans la notion audacieuse que le simple fait de dire quelque chose constitue une action en soi. Cette exploration révolutionnaire transcende la vision traditionnelle du langage comme un moyen de décrire passivement le monde. En analysant comment les énonciations engagent l'énonciateur dans une action, Austin ouvre la voie à une perspective dynamique du langage.
- . Distinction des différents actes accomplis lors d'une énonciation. Dans How to Do Things with Words, J. L. Austin distingue les actes locutionnaires, illocutionnaires et perlocutionnaires, soulignant que chaque énonciation n'est pas simplement une déclaration factuelle. Les actes locutionnaires impliquent l'utilisation d'une énonciation avec un sens défini, les illocutionnaires représentent l'intention derrière l'énonciation, et les perlocutionnaires se concentrent sur les effets produits.
- . Théories sur les actes de langage concrets dans un contexte social. J. L. Austin élève son exploration du langage en tant qu'action au niveau social. Il examine comment les actes de langage spécifiques, tels que promettre, ordonner ou féliciter, s'insèrent dans le tissu social. Cette dimension sociale de sa théorie révèle comment le langage influence et façonne les interactions humaines, soulignant l'importance des contextes culturels et sociaux dans la compréhension du langage.
Déconstruction critique de la métaphysique du langage propositionnel
- . Remise en question des fondements métaphysiques. J. L. Austin, dans son examen du langage en tant qu'action, remet en question les fondements métaphysiques qui sous-tendent la conception traditionnelle du langage propositionnel. Il s'oppose à l'idée selon laquelle chaque énoncé devrait être évalué en termes de vérité ou de fausseté, proposant plutôt une approche où l'énonciation elle-même est une réalité et une action.
- . Élargissement des horizons linguistiques. En déconstruisant la métaphysique du langage centrée sur la proposition, J. L. Austin élargit les horizons linguistiques pour inclure une variété d'actes de langage. Il refuse la restriction du langage à un simple véhicule de représentation du monde et introduit des perspectives nouvelles sur la manière dont le langage opère dans divers contextes.
- . Émergence des actes de langage sociaux. La déconstruction d'Austin ouvre la voie à la reconnaissance des actes de langage sociaux. Il explore comment le langage contribue à la création de réalités sociales, à la formation d'institutions et à la dynamique des relations humaines. Cette perspective décentrée offre un cadre novateur pour comprendre le langage dans son rôle actif dans la construction du monde.
Informations complémentaires
Notes et références
- ↑ L'idée de J. L. Austin concernant les actes locutionnaires met en évidence que l'utilisation d'une énonciation va au-delà de la simple transmission d'une signification littérale. Voici quelques exemples illustrant cette notion :
- . Énonciation ambiguë. Exemple : « Il fait chaud ici ». Dans cette déclaration, le terme ici peut avoir une référence variable en fonction du contexte. Il souligne la façon dont la signification dépend de la situation.
- . Énonciation ironique. Exemple : « Belle journée ! » lorsqu'il pleut intensément. L'énoncé, pris littéralement, semble positif, mais le locuteur utilise l'ironie pour transmettre un sens opposé, soulignant ainsi la complexité des actes locutionnaires.
- . Énonciation énigmatique. Exemple : « Il sait ce qu'il a à faire ». Sans le contexte approprié, la référence de ce qu'il a à faire reste floue. Cette énonciation illustre comment la signification dépend souvent d'informations supplémentaires.
- . Énonciation métaphorique. Exemple : « Le monde est un théâtre ». Ici, l'énoncé utilise une métaphore pour attribuer une signification figurative au groupe nominal, le monde, dépassant la simple référence littérale.
- . Énonciation émotionnelle. Exemple : « Je suis ravi de te voir ! ». Au-delà de la signification littérale, l'énoncé exprime une émotion positive, montrant comment les actes locutionnaires peuvent encapsuler des aspects affectifs.
- ↑ Les verbes ayant une force commissive impliquent un engagement ou une promesse de réaliser une action spécifique. Voici quelques exemples de mots ayant une force commissive, similaires à ceux mentionnés (promettre, parier, adopter, consentir) :
- . Jurer : promettre solennellement, en particulier en utilisant des termes sacrés ou sacrilèges.
- . Engager : s'obliger soi-même à accomplir quelque chose.
- . Garantir : fournir une assurance formelle ou une promesse de qualité, d'exactitude ou de performance.
- . Affirmer : faire une déclaration positive ou une promesse ferme.
- . Pactiser : conclure un accord formel ou une alliance, impliquant souvent un engagement réciproque.
- . S'engager : prendre l'engagement formel de faire quelque chose.
- . S'obliger : accepter une obligation ou faire une promesse.
- . Assurer : donner l'assurance ou la garantie de faire quelque chose.
- . Vouer : promettre ou consacrer solennellement à quelque chose.
- . Céder : consentir ou accepter, souvent après négociation.
- ↑ Les actes perlocutionnaires d'une énonciation sont centrés sur les effets qu'elle produit sur l'auditeur, allant au-delà de la simple transmission d'informations. Voici quelques exemples pour illustrer cette dimension cruciale du langage, tels que définis par J.L. Austin :
- . Persuasion : « Je suis certain que cette proposition est la meilleure pour notre projet ». L'orateur vise à persuader l'auditeur d'accepter la proposition en suscitant une conviction.
- . Conviction : « La preuve est accablante, tu ne peux pas nier les faits ». L'énonciation est formulée de manière à convaincre l'auditeur en renforçant la solidité des faits présentés.
- . Réaction émotionnelle : « Ton discours m'a profondément touché ». L'orateur cherche à susciter une réaction émotionnelle chez l'auditeur, démontrant ainsi la puissance des mots pour évoquer des sentiments.
- . Incitation à l'action : « Ensemble, nous pouvons réaliser des changements significatifs ». L'énonciation vise à inciter l'auditeur à agir, illustrant ainsi comment les mots peuvent motiver et mobiliser.
- . Influence sur les opinions : « Considérons les avantages de cette approche par rapport aux autres ». L'énoncé est formulé pour influencer les opinions de l'auditeur en présentant des arguments spécifiques.
- . Provoquer une réflexion : « Pense à ce que cela signifierait pour notre avenir ». L'énonciation encourage l'auditeur à réfléchir profondément, démontrant ainsi la capacité du langage à stimuler la pensée.
Publications
- 1961, "Philosophical Papers", Oxford University Press (édité après sa mort par J. O. Urmson et G. J. Warnock)
- 1962,
- a. "How to Do Things with Words: The William James Lectures Delivered at Harvard University in 1955", Oxford: Oxford University Press
- Traduction en français en 1970 par Gilles Lane, "Quand dire, c'est faire", Paris: Éditions du Seuil
- b. "Sense and Sensibilia", Oxford: Clarendon Press, (édité après sa mort par G. J. Warnock)
- a. "How to Do Things with Words: The William James Lectures Delivered at Harvard University in 1955", Oxford: Oxford University Press
Littérature secondaire
- 1967, G. J. Warnock, "J. L. Austin", Archives de philosophie, janvier-mars, pp5-19
- 1987, Jacquelyn Ann K. Kegley, "Austin, J(ohn) L(angshaw)", Roland Turner, dir., "Thinkers of the twentieth century", Chicago: St. James Press, pp32-33
- 2006, Friedrich Christoph Doerge, "Illocutionary Acts - Austin's Account and What Searle Made Out of It", Tuebingen University