Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !


Entrepreneurs du XIXème siècle

De Wikiberal
Aller à la navigation Aller à la recherche

Pour les entrepreneurs du XIXe siècle, l'entreprise était avant tout représentée par un homme, rarement une femme, et la famille lui conférait une durée sur plusieurs générations. Certains pays comme l'Angleterre avait une vision élitiste de l'entrepreneur.

L'entreprise familiale du XIXe siècle

Seules quelques grandes sociétés anonymes, mais peu nombreuses, dans la sidérurgie, les mines, les chemins de fer, la banque, les assurances présentaient un caractère dépersonnalisé. Les entreprises du XIXe siècle étaient essentiellement familiales, quelle que fût leur forme juridique, car les formes de sociétés de capitaux n'excluaient en aucune façon ce caractère. En matière de financement, la forme familiale remplissait une fonction majeure, dans la mesure où le crédit reposait sur la confiance entre les personnes. L'incarnation de l'entreprise dans l'entrepreneur fut favorisée dans les débuts de l'industrialisation par le fait que n'étaient décisives ni l'unité spatiale de la production dans la mesure où le travail pouvait être dispersé, ni l'unité du personnel, car la main-d'œuvre était instable, le personnel d'encadrement très peu nombreux et la direction en général assumée par un membre de la (ou d'une) famille propriétaire. Le réseau familial permettait de résoudre la plupart des problèmes que posait l'entreprise. Il était à la base de la réunion des capitaux qui était indispensable au démarrage d'une entreprise. Par son influence, il déterminait les possibilités de crédit dont elle pouvait disposer, en un temps où, avant la naissance des grands établissements de crédit, ce dernier reposait sur la connaissance personnelle et l'estime que le banquier accordait à son client.

La simple hérédité n'étant pas une garantie de compétence dans les affaires, la continuité de l'entreprise passait par une attentive formation des fils d'entrepreneurs ou, à défaut, de leurs neveux, jusqu'à ce qu'ils soient capables d'assumer des fonctions de responsabilités, puis d'être associés à la gestion. La formation qui leur était donnée reflétait l'idée que leurs pères ou leurs oncles avaient des qualités indispensables à leur métier. Hommes d'affaires pragmatiques, peu portés aux spéculations intellectuelles, ces derniers appréciaient une éducation pratique faite en s'exerçant à connaître tous les travaux effectués dans l'entreprise, plutôt que des études dans des universités ou des grandes écoles, dont elle n'était par ailleurs pas exclusive. Les mariages étaient une stratégie d'acquisition de ressources extérieures. A l'origine de nombreuses entreprises, on trouvait des capitaux apportés par l'épouse. Les mariages des fils, judicieusement arrangés, pouvaient ensuite apporter les fonds nécessaires à l'extension de l'échelle des affaires. La famille, qui donnait des dots, s'appauvrissait. Les transferts financiers étaient souvent compensés par des opérations contraires, c'est-à-dire par des mariages multiples entre deux familles, qui étaient toutes deux bénéficiaires puisqu'elles formaient désormais un groupe plus puissant.

Une vision élitiste de l'entrepreneur

Les historiens britanniques sont ceux qui ont le plus insisté sur la « loi des trois générations » en arguant que les valeurs aristocratiques et terriennes encore dominantes dans la société victorienne incitaient les entrepreneurs qui avaient acquis la fortune à chercher ensuite un statut social. Les industriels britanniques acquéraient en effet des domaines, des châteaux, s'efforçaient d'entrer dans la gentry et d'obtenir des fonctions municipales. Leurs enfants étaient élevés en gentlemen, de préférence à Eton et Oxford, étaient encouragés à un genre de vie plus oisif et mondain, s'orientaient volontiers vers les carrières administratives ou politiques. Mais pour quelques défections d'industriels amateurs célèbres combien y avait-il de familles où la transmission de l'entreprise à la génération suivante était l'essentiel objectif ? Ensuite, l'achat de domaines fonciers n'était pas la preuve d'un désintérêt pour l'activité industrielle. Il représentait, certes surtout dans la première moitié du XIXe siècle, une forme de diversification des revenus, qui évitait de les faire, dépendre exclusivement de la conjoncture d'un seul secteur et il permettait de trouver du crédit en ouvrant la possibilité d'hypothéquer.

Les entreprises dépérissent lorsque leurs dirigeants ne savent plus les adapter aux changements de l'environnement ou n'en ont plus les moyens, techniques, financiers, commerciaux. L'évolution de l'industrie au XIXe siècle fut dominée par un rapide renouvellement des techniques, qui devinrent de plus en plus complexes et de plus en plus formalisées scientifiquement. Là où du savoir-faire, un esprit méthodique et du bon sens suffirent longtemps, des connaissances plus précises furent peu à peu nécessaires. Certains secteurs en exigeaient davantage, comme la métallurgie et surtout comme les secteurs nouveaux qui se développèrent à partir des années 1880 autour de l'électricité et de la chimie. Une entreprise de ces branches devait désormais employer des ingénieurs. Comme dans les pays européens, à la différence des États-Unis, les circuits commerciaux étaient depuis longtemps rodés et les marchés, du moins les marchés intérieurs, relativement stables, le changement fut surtout ressenti comme un défi technique. La formation technique tendit à l'emporter sur la formation commerciale pour les dirigeants. Bien que ces exigences nouvelles aient favorisé des formes d'entreprises managériales ou d'entreprises fondées par des ingénieurs, puis revendues à des collègues sans être continuées par des descendants, la forme familiale de l'entreprise parvint souvent à leur faire face par la formation des héritiers et par l'inclusion dans la famille de compétences extérieures. Ce qui assurait la longévité des grandes entreprises familiales, c'était aussi leur capacité à s'intégrer par les mariages les hommes qui leur étaient utiles.

Bibliographie

  • 1949, David Landes, "French Entrepreneurship and Industrial Growth in the Nineteenth Century", Journal of Economic History, Vol 9, pp45-61