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Débordement cognitif

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Le débordement cognitif, également connu sous le nom de débordement de connaissances, désigne le phénomène par lequel les connaissances, les idées et les compétences générées dans un domaine ou une industrie se propagent et bénéficient à d'autres domaines ou industries. Il s'agit d'un processus par lequel les connaissances acquises dans un contexte donné sont transférées et utilisées de manière bénéfique dans d'autres contextes, conduisant ainsi à des effets positifs et à des améliorations.

L'étude du débordement cognitif revêt une grande importance pour plusieurs raisons. Tout d'abord, elle permet de comprendre comment les connaissances et les idées se propagent et se diffusent, ce qui est essentiel pour favoriser l'innovation et la croissance économique. En comprenant les mécanismes de transmission des connaissances, les décideurs politiques et les acteurs économiques peuvent mettre en place des politiques et des stratégies favorables à l'échange d'idées et à la collaboration interdisciplinaire. En outre, l'étude du débordement cognitif aide à identifier les facteurs et les conditions qui favorisent ou entravent la diffusion des connaissances. Cela permet de concevoir des environnements propices à l'émergence et à la propagation de nouvelles idées, favorisant ainsi l'innovation et la compétitivité. Enfin, comprendre le débordement cognitif permet de tirer parti des synergies et des complémentarités entre différents secteurs et domaines d'activité. Les connaissances et les compétences provenant de diverses sources peuvent se combiner pour créer de nouvelles opportunités et stimuler la création de valeur.

Les mécanismes du débordement cognitif

Le débordement cognitif repose sur divers mécanismes qui favorisent la diffusion et l'échange de connaissances entre les acteurs économiques. Cette section examine les principaux mécanismes du débordement cognitif :

A. Diffusion des connaissances

La diffusion des connaissances est un élément clé du débordement cognitif. Elle implique l'échange d'informations et de savoir-faire entre les individus, les organisations et les secteurs économiques. Ce processus repose sur la communication, la collaboration et la coopération entre les acteurs.

1. Échange d'informations et de savoir-faire

L'échange d'informations joue un rôle essentiel dans le débordement cognitif. Les individus et les organisations partagent leurs connaissances, leurs expériences et leurs meilleures pratiques, ce qui permet de diffuser les innovations et les idées nouvelles. Cela peut se faire à travers des réseaux professionnels, des conférences, des publications, des collaborations, etc.

2. Collaboration et coopération entre acteurs

La collaboration entre acteurs économiques est un moteur important du débordement cognitif. Lorsqu'ils travaillent ensemble sur des projets communs, les individus et les organisations ont l'occasion d'apprendre les uns des autres, d'échanger des idées et de développer de nouvelles compétences. Cette collaboration peut prendre différentes formes, telles que des partenariats de recherche, des alliances stratégiques ou des clusters[1] d'entreprises.

B. Apprentissage collectif

L'apprentissage collectif est un autre mécanisme clé du débordement cognitif. Il implique l'acquisition de nouvelles compétences, connaissances et pratiques à travers des interactions sociales et professionnelles.

1. Acquisition de nouvelles compétences et connaissances

Lorsque les individus interagissent les uns avec les autres, ils ont l'opportunité d'apprendre de nouvelles compétences et connaissances. Les échanges et les collaborations favorisent l'acquisition de savoirs spécifiques, de techniques avancées ou de méthodes innovantes. Cela permet aux acteurs de s'adapter aux évolutions du marché et de rester compétitifs.

2. Adaptation aux changements et aux innovations

L'apprentissage collectif permet également aux acteurs de s'adapter aux changements et aux innovations. En partageant des informations sur les nouvelles technologies, les tendances du marché ou les modèles d'affaires émergents, les acteurs peuvent anticiper les transformations économiques et prendre des mesures appropriées pour s'ajuster et saisir de nouvelles opportunités.

C. Émulation et compétition

L'émulation et la compétition entre acteurs jouent un rôle stimulant dans le débordement cognitif. La recherche de solutions innovantes et l'amélioration continue sont encouragées par un environnement compétitif.

1. Stimulation de la recherche de solutions innovantes

La concurrence entre acteurs économiques incite à la recherche de solutions innovantes pour se démarquer et gagner un avantage concurrentiel. Cela pousse les individus et les organisations à explorer de nouvelles idées, à repousser les limites et à trouver des approches novatrices pour résoudre des problèmes. La stimulation de la créativité et de l'esprit d'entreprise favorise le débordement cognitif en encourageant la génération de nouvelles connaissances.

2. Incitation à l'amélioration continue

La concurrence entre acteurs économiques crée également une incitation à l'amélioration continue. Les individus et les organisations cherchent constamment à surpasser leurs concurrents en développant des pratiques plus efficaces, en adoptant de meilleures technologies et en innovant dans leurs produits ou services. Cette dynamique concurrentielle favorise le partage des connaissances et la diffusion des meilleures pratiques, alimentant ainsi le débordement cognitif.

En résumé, les mécanismes du débordement cognitif reposent sur la diffusion des connaissances, l'apprentissage collectif et l'émulation compétitive. L'échange d'informations et de savoir-faire, la collaboration entre acteurs, l'acquisition de nouvelles compétences, l'adaptation aux changements, la recherche de solutions innovantes et l'amélioration continue sont autant de processus qui favorisent la propagation des connaissances et stimulent la croissance économique. Comprendre ces mécanismes permet de mettre en place des politiques et des stratégies favorables au débordement cognitif, facilitant ainsi l'innovation, la compétitivité et le développement socio-économique.

Les effets du débordement cognitif

Le débordement cognitif a des conséquences significatives sur différents aspects économiques et sociaux. Cette section examine les principaux effets du débordement cognitif :

A. Stimulus à l'innovation

Le débordement cognitif joue un rôle crucial en stimulant l'innovation dans les domaines économiques et technologiques. Il favorise la génération d'idées nouvelles et originales, créant ainsi un environnement propice à la créativité et à la recherche de solutions novatrices.

1. Génération d'idées nouvelles et originales

Lorsque les connaissances et les compétences se diffusent entre les acteurs économiques, de nouvelles idées émergent. L'interaction entre différentes disciplines, industries et secteurs d'activité crée un terreau fertile pour l'émergence de concepts innovants. Les connaissances transmises et combinées peuvent conduire à des avancées technologiques, des produits ou services révolutionnaires, ainsi qu'à des approches inédites pour résoudre des problèmes complexes.

2. Encouragement à la recherche et au développement

Le débordement cognitif incite également à la recherche et au développement. L'accès à de nouvelles connaissances et à des expertises diversifiées motive les individus et les organisations à explorer davantage, à repousser les frontières de la connaissance et à investir dans des projets de recherche et de développement. Cela favorise l'émergence de nouvelles technologies, de nouveaux produits et de nouvelles pratiques qui contribuent à l'innovation et à la compétitivité.

B. Accélération de la croissance économique

Le débordement cognitif a un impact direct sur la croissance économique en favorisant la productivité des entreprises et en créant des emplois et de la richesse.

1. Augmentation de la productivité des entreprises

L'accès à de nouvelles connaissances et à des idées novatrices améliore la productivité des entreprises. Les nouvelles compétences et les pratiques innovantes permettent d'optimiser les processus de production, de développer de nouveaux produits et services, et d'adopter des technologies avancées. Cela se traduit par une meilleure efficacité et une augmentation de la productivité, ce qui renforce la compétitivité des entreprises sur le marché.

2. Création d'emplois et de richesses

Le débordement cognitif stimule la création d'emplois et la génération de richesses. L'innovation et la croissance économique qui en découlent entraînent une demande accrue de main-d'œuvre qualifiée. De plus, les nouvelles opportunités économiques créées par le débordement cognitif favorisent la création d'entreprises, la diversification économique et l'essor de nouveaux secteurs. Cela se traduit par la création d'emplois durables et la génération de richesses pour les communautés et les économies locales.

C. Renforcement des écosystèmes économiques

Le débordement cognitif renforce les écosystèmes économiques en favorisant la formation de clusters et de réseaux d'acteurs complémentaires, ainsi qu'en créant des synergies entre les entreprises et les institutions.

1. Formation de clusters

La formation de clusters est l'un des effets majeurs du débordement cognitif. Les clusters sont des regroupements géographiques d'entreprises, de fournisseurs, de prestataires de services et d'institutions connexes opérant dans des domaines similaires ou complémentaires. Ils favorisent l'interaction, la coopération et l'échange de connaissances entre les acteurs d'un même secteur ou d'une même filière.

1. Concentration géographique des acteurs

Les clusters se forment lorsque les entreprises d'un secteur spécifique se regroupent dans une région donnée. Cette concentration géographique facilite les échanges d'informations, la diffusion des connaissances et le partage des bonnes pratiques. Les interactions régulières entre les entreprises, les chercheurs et les institutions de recherche renforcent les liens et créent un environnement propice à la collaboration et à l'innovation.

2. Collaboration et complémentarité entre acteurs

Au sein d'un cluster, les acteurs sont en mesure de collaborer étroitement. Les entreprises peuvent partager des ressources, des compétences et des infrastructures, ce qui favorise le développement de synergies. Par exemple, des entreprises spécialisées dans différentes étapes de la chaîne de valeur peuvent coopérer pour améliorer l'efficacité et la qualité de leurs produits. Cette collaboration renforce la compétitivité de l'ensemble du cluster.

3. Partage de connaissances et d'expertise

Les clusters sont des environnements propices au partage des connaissances et de l'expertise. Les interactions régulières entre les acteurs du cluster permettent de diffuser rapidement les avancées technologiques, les bonnes pratiques et les innovations. Les entreprises peuvent bénéficier des connaissances accumulées par les autres membres du cluster, ce qui stimule la créativité et l'innovation.

4. Avantages compétitifs et attractivité régionale

Les clusters renforcent les avantages compétitifs d'une région. La concentration d'entreprises performantes et innovantes crée une dynamique positive, attirant de nouveaux investissements, des talents et des ressources. Les clusters deviennent des pôles d'attraction pour les entreprises, les chercheurs et les professionnels, ce qui contribue au développement économique et à l'amélioration de la compétitivité régionale.

En résumé, la formation de clusters grâce au débordement cognitif favorise la collaboration, le partage de connaissances et l'innovation au sein d'un secteur ou d'une filière spécifique. Ces regroupements d'acteurs créent des synergies, renforcent les avantages compétitifs et contribuent à la croissance économique régionale.

Facteurs favorisant le débordement cognitif

Le débordement cognitif est influencé par différents facteurs qui favorisent la diffusion des connaissances et des idées entre les acteurs économiques. Cette section examine les principaux facteurs qui facilitent le débordement cognitif :

A. Proximité géographique

La proximité géographique entre les acteurs économiques joue un rôle essentiel dans la facilitation du débordement cognitif. Lorsque les entreprises, les institutions de recherche et d'autres acteurs pertinents sont situés à proximité les uns des autres, cela crée un environnement propice à l'échange d'informations et à l'interaction sociale.

1. Échange d'informations facilité

La proximité géographique réduit les barrières à la communication et facilite l'échange d'informations. Les acteurs peuvent se rencontrer plus facilement, participer à des événements et des réseaux locaux, ce qui favorise la transmission rapide des connaissances et des idées. Les discussions informelles, les rencontres fortuites et les collaborations spontanées deviennent plus fréquentes, permettant ainsi une diffusion plus rapide des connaissances.

2. Interaction sociale et collaboration plus étroite

La proximité géographique favorise également une interaction sociale et une collaboration plus étroite entre les acteurs. Les rencontres régulières, les réunions, les séminaires et les événements locaux facilitent les échanges entre les chercheurs, les entrepreneurs et les autres professionnels. Ces interactions sociales renforcent les liens entre les acteurs et créent un climat propice à la collaboration, à la confiance mutuelle et à l'émergence de partenariats.

B. Diversité des acteurs

La diversité des acteurs joue un rôle clé dans le débordement cognitif, car elle favorise la rencontre de compétences et de connaissances variées. Lorsque différentes expertises se côtoient, cela stimule l'innovation et la créativité.

1. Mélange de compétences et de connaissances variées

La présence d'acteurs aux compétences et aux connaissances variées crée un environnement propice à la fertilisation croisée des idées. Les entreprises, les chercheurs, les entrepreneurs et les professionnels issus de différents domaines d'expertise apportent des perspectives uniques et complémentaires. Leur interaction permet d'enrichir les connaissances existantes, de susciter de nouvelles idées et de favoriser l'émergence de solutions novatrices.

2. Favorise l'innovation et la créativité

La diversité des acteurs stimule l'innovation en encourageant le croisement des idées et des perspectives. Les interactions entre des individus aux expériences et aux connaissances diverses favorisent les approches multidisciplinaires, les remises en question et les processus de pensée divergente. Cela favorise la créativité et ouvre la voie à des innovations radicales et disruptives.

C. Institutions favorables à la diffusion des connaissances

Certaines institutions jouent un rôle clé dans la diffusion des connaissances et le soutien au débordement cognitif.

1. Soutien aux infrastructures de partage des connaissances

Les infrastructures de partage des connaissances, telles que les centres de recherche, les parcs technologiques, les incubateurs d'entreprises et les espaces de coworking, sont des éléments clés pour faciliter le débordement cognitif. Ces infrastructures offrent un cadre propice à la collaboration, à l'échange d'idées et à l'interaction entre les acteurs. Elles fournissent également des ressources et des services nécessaires au développement de projets innovants. Le soutien public à la création et au maintien de telles infrastructures renforce la capacité des acteurs à partager leurs connaissances, à établir des partenariats et à bénéficier mutuellement des compétences et des ressources disponibles.

2. Les biens communs de connaissance

Les biens communs de connaissance sont des ressources immatérielles, telles que les informations, les idées, les savoirs et les connaissances, qui sont partagées de manière ouverte et accessible à tous. Ils jouent un rôle essentiel dans le débordement cognitif en favorisant la diffusion et l'échange des connaissances. Voici quelques facteurs qui favorisent l'émergence et l'utilisation des biens communs de connaissance :

a. Collaboration et partage volontaire : Le débordement cognitif est facilité lorsque les individus et les organisations choisissent de collaborer et de partager leurs connaissances de manière volontaire. Cela peut se faire à travers des communautés de pratique, des réseaux de recherche, des plateformes de partage en ligne, etc. Lorsque les acteurs sont motivés à contribuer et à partager leurs idées, cela crée un environnement propice à la diffusion et à l'enrichissement des connaissances.

b. Licences ouvertes et Creative Commons : Les licences ouvertes, telles que celles proposées par Creative Commons, permettent aux créateurs de partager leurs œuvres tout en conservant certains droits et en autorisant leur utilisation, leur modification et leur partage. Cela favorise la libre circulation des connaissances et encourage les contributions et les améliorations collaboratives. Les licences ouvertes facilitent également la réutilisation et l'adaptation des connaissances existantes, ce qui peut stimuler l'innovation et le débordement cognitif.

c. Mouvements du logiciel libre et de l'open source : Les mouvements du logiciel libre[2] et de l'open source ont démontré les avantages du partage et de la collaboration dans le domaine de l'informatique. En rendant les codes sources et les logiciels accessibles à tous, ces mouvements ont permis des avancées significatives et une diffusion rapide des connaissances techniques. Les principes du logiciel libre et de l'open source peuvent être appliqués à d'autres domaines, favorisant ainsi le débordement cognitif dans des secteurs variés.

d. Plateformes de partage des connaissances : Les plateformes en ligne, telles que les wikis, les forums de discussion et les blogs, fournissent des espaces virtuels pour le partage et la diffusion des connaissances. Ces plateformes permettent aux individus et aux organisations de partager des informations, de collaborer sur des projets communs, d'échanger des idées et de bénéficier des contributions de différents acteurs. Elles facilitent également l'accès à des ressources éducatives et informatives, ce qui encourage l'apprentissage et le débordement cognitif.

En conclusion, les biens communs de connaissance, soutenus par des mécanismes de collaboration, de partage volontaire, de licences ouvertes et de plateformes en ligne, favorisent le débordement cognitif en permettant la diffusion et l'échange des connaissances. Ces facteurs encouragent la collaboration, stimulent l'innovation et créent un environnement propice à l'enrichissement collectif des savoirs.

Limites et défis du débordement cognitif

Le débordement cognitif, malgré ses nombreux avantages, est également confronté à des limites et à des défis qui peuvent entraver sa pleine réalisation. Cette section examinera ces limites et les défis associés au débordement cognitif, mettant en évidence les barrières à la diffusion des connaissances et les inégalités dans l'accès aux connaissances.

A. Barrières à la diffusion des connaissances Le débordement cognitif suppose une libre circulation des connaissances, mais certaines barrières peuvent entraver cette diffusion. Deux barrières importantes sont :

1. Protection de la propriété intellectuelle : Les droits de propriété intellectuelle, tels que les brevets et les droits d'auteur, peuvent limiter la diffusion des connaissances. Lorsque des acteurs économiques cherchent à protéger leurs inventions ou leurs créations, cela peut restreindre l'accès et l'utilisation de ces connaissances par d'autres acteurs. Cela peut freiner la collaboration et l'échange de connaissances, entravant ainsi le débordement cognitif.

2. Rétention de l'information par les acteurs économiques : Dans certains cas, les acteurs économiques peuvent choisir de retenir l'information ou les connaissances qu'ils détiennent. Cela peut être motivé par des considérations concurrentielles, où les entreprises cherchent à maintenir un avantage sur leurs concurrents en gardant leurs innovations secrètes. Cependant, cela peut réduire les possibilités de débordement cognitif, car l'information pertinente n'est pas partagée avec d'autres acteurs.

B. Inégalités dans l'accès aux connaissances Le débordement cognitif peut être entravé par des inégalités dans l'accès aux connaissances, ce qui peut créer des disparités entre les acteurs et les régions. Deux types d'inégalités importantes sont :

1. Disparités géographiques et socio-économiques : Les régions et les populations qui sont géographiquement éloignées ou qui sont confrontées à des conditions socio-économiques défavorables peuvent avoir un accès limité aux connaissances. Cela peut être dû à des infrastructures insuffisantes, à des ressources limitées ou à des contraintes financières. Ces disparités peuvent compromettre la diffusion et l'utilisation des connaissances, ce qui rend difficile la participation pleine et équitable au débordement cognitif.

2. Besoin de politiques d'inclusion et de partage équitable : Pour surmonter les inégalités dans l'accès aux connaissances, il est nécessaire de mettre en place des politiques qui favorisent l'inclusion et le partage équitable des connaissances. Cela peut impliquer la promotion de l'accès à l'éducation, à la formation et aux ressources, ainsi que la création d'environnements propices à la collaboration et à l'échange de connaissances. Des politiques d'inclusion et de partage équitable peuvent contribuer à réduire les inégalités et à favoriser un débordement cognitif plus large et plus équilibré.

En fin de compte, le débordement cognitif demeure un concept précieux pour la croissance économique, l'innovation et le renforcement des écosystèmes économiques. En surmontant les limites et en relevant les défis, il est possible de libérer pleinement le potentiel du débordement cognitif et de favoriser un développement plus durable et inclusif.

La Proximité Géographique : Un Facteur Essentiel Malgré la Mondialisation

Dans un monde de plus en plus dominé par les courriels, les messageries et les autoroutes de communication électronique, l'importance de l'emplacement et de la proximité géographique peut sembler surprenante, voire paradoxale. Les nouvelles technologies de télécommunication ont en effet provoqué une véritable révolution spatiale en redéfinissant la géographie de la production.

Distinction Cruciale : Connaissance vs. Information

La résolution de ce paradoxe réside dans la distinction entre la connaissance et l'information. Bien que le coût marginal de transmission de l'information puisse être invariant par rapport à la distance, on peut présumer que le coût marginal de transmission de la connaissance, en particulier de la connaissance tacite, augmente avec la distance. Von Hipple (1994)[3] démontre que la connaissance hautement contextuelle, incertaine, ou ce qu'il appelle "connaissance collante", est mieux transmise par des interactions en personne et des contacts fréquents. La proximité joue un rôle crucial dans la transmission de la connaissance, car la connaissance tacite est intrinsèquement non rivale par nature, et la connaissance développée pour une application particulière peut facilement se répandre et être appliquée à des fins différentes.

Débordement de Connaissance

De même, Zvi Griliches (1992)[4] a défini les retombées de la connaissance comme le fait de "travailler sur des choses similaires et bénéficier ainsi beaucoup de la recherche de l'autre". Les auteurs Glaeser, Kallal, Scheinkman et Shleifer (1992)[5] font observer que "les percées intellectuelles doivent traverser des couloirs et des rues plus facilement que les océans et les continents". Les recherches de Jaffe (1989)[6], 1993[7] et Audretsch et Feldman (1996)[8] ont mis en évidence que l'investissement en R&D par les entreprises privées et les universités se répercute économiquement sur les entreprises tierces. La production de connaissance dans une région géographique donnée est influencée à la fois par les dépenses privées des entreprises en R&D et par les dépenses de recherche entreprises dans les universités locales. La collaboration étroite en proximité géographique joue un rôle majeur dans la génération de percées scientifiques.

Mondialisation et Distinction Persistante

La dichotomie entre connaissance et information ne contredit pas la mondialisation. Cependant, la mondialisation n'a pas eu d'impacts symétriques sur la connaissance et l'information. Si d'une part, la mondialisation a permis le transfert d'information sans coût à travers l'espace géographique, d'autre part, la dimension géographique de la connaissance demeure un phénomène local, en grande partie inchangé par la mondialisation. Cela a entraîné un changement dans les prix relatifs de l'obtention d'information et de connaissance.

Ce changement relatif des prix a déclenché un déplacement de l'avantage comparatif. Durant l'ère de l'économie gérée, les facteurs traditionnels tels que la terre, le travail et le capital étaient prédominants comme sources d'avantage comparatif. C'était notamment le cas dans la production de masse où l'abondance de capital déterminait l'avantage comparatif. Les caractéristiques locales et régionales étaient sans importance en tant que source de connaissance et de compétitivité.

En somme, malgré les avancées technologiques de la communication, la proximité géographique reste un facteur crucial dans la transmission de la connaissance, en particulier la connaissance tacite. Cette dynamique complexe entre connaissance et information souligne les limites de la mondialisation dans l'effacement des barrières géographiques en matière de connaissance, et sa pertinence dans le contexte de l'économie entrepreneuriale émergente.

Les effets pervers des politiques publiques sur les débordements cognitifs

Les politiques publiques en faveur de la recherche et de l'innovation peuvent également avoir des effets pervers sur les débordements cognitifs. Bien qu'elles visent à stimuler la diffusion des connaissances et à favoriser l'innovation, certaines mesures peuvent avoir des conséquences inattendues ou indésirables. Voici quelques exemples d'effets pervers possibles :

1. Concentration des ressources : Les politiques publiques peuvent favoriser la concentration des ressources financières et humaines dans certaines régions ou industries spécifiques. Cela peut entraîner une disparité dans l'accès aux ressources et aux opportunités, limitant ainsi le débordement cognitif à certaines zones géographiques ou à certains secteurs d'activité. Les régions ou les acteurs économiques moins favorisés peuvent être exclus des bénéfices de la diffusion des connaissances et de l'innovation.

2. Protection excessive de la propriété intellectuelle : Les politiques de protection de la propriété intellectuelle peuvent freiner le partage des connaissances et l'échange d'informations. Lorsque les droits de propriété intellectuelle sont trop stricts, cela peut dissuader les acteurs de partager leurs découvertes, limitant ainsi le débordement cognitif. Les brevets et autres formes de protection peuvent créer des barrières à l'entrée pour les nouveaux acteurs et freiner la collaboration et la coopération entre les entreprises et les chercheurs.

3. Biais en faveur de la recherche appliquée : Les politiques publiques peuvent privilégier la recherche appliquée au détriment de la recherche fondamentale. Bien que la recherche appliquée puisse générer des résultats tangibles à court terme, la recherche fondamentale est souvent à l'origine de découvertes révolutionnaires et de débordements cognitifs significatifs. En négligeant la recherche fondamentale, les politiques publiques peuvent réduire les opportunités d'innovation radicale et limiter le potentiel de débordement cognitif à long terme.

4. Bureaucratie et lourdeur administrative : Les politiques publiques complexes et bureaucratiques peuvent entraver la diffusion des connaissances et l'innovation. Les démarches administratives lourdes, les délais de financement prolongés et les contraintes réglementaires excessives peuvent décourager les acteurs économiques d'entreprendre des initiatives de collaboration et de partage des connaissances. Cela peut entraver le débordement cognitif en créant des obstacles à la libre circulation des idées et à la coopération entre les acteurs.

Il est donc important de prendre en compte ces possibles effets pervers lors de la conception et de la mise en œuvre des politiques publiques en faveur de la recherche et de l'innovation. Une approche équilibrée et attentive aux conséquences indirectes peut favoriser un débordement cognitif plus inclusif et bénéfique pour l'ensemble des acteurs économiques et des régions.

Informations complémentaires

Notes et références

  1. Luca Iandoli, Elio Marchione, Cristina Ponsiglione, Giuseppe Zollo, 2014, "Knowledge Sharing and Network Emergence in Small Firm Clusters: An Agent-Based Model of Industrial Districts", In: Börje Johansson, Charlie Karlsson, Roger R. Stough, dir., "Agglomeration, Clusters and Entrepreneurship. Studies in Regional Economic Development", Edward Elgar Publishing
  2. N. Jullien, J. B. Zimmermann, 2002, "Le logiciel libre : une nouvelle approche de la propriété intellectuelle", Revue d'économie industrielle, n°99
  3. E. Von Hipple, 1994, "Sticky information and the Locus of Problem Solving: Implications for Innovation", Management Science, 40(4), pp429-439
  4. Zvi Griliches, 1992, "The Search for R&D Spillovers", Scandanavian Journal of Economics, 94(S), pp29-47
  5. Edward L. Glaeser, Hedi D. Kallal, Jose A. Scheinkman, Andrei Shleifer, 1992, "Growth of Cities", Journal of Political Economy, 100(4), pp1126-1152
  6. Adam B. Jaffe, 1989, "Real Effects of Academic Research", American Economic Review, 79(5), pp957-970
  7. Adam B. Jaffe, Manuel Trajtenberg, Rebecca Henderson, 1993, "Geographic Localization of Knowledge Spillovers as Evidenced by Patent Citations", Quarterly Journal of Economics, 63(3), pp577-598.
  8. David B. Audretsch, Maryann P. Feldman, 1996, "R&D Spillovers and the Geography of Innovation and Production", American Economic Review, 86(3), June, pp630-640.

Bibliographie

  • 1993, Adam Jaffe, Manuel Trajtenberg, Rebecca Henderson, "Geographical Localization of Knowledge Spillovers as Evidenced by Patent Citations", Quarterly Journal of Economics, Vol 108, pp577-598
  • 2001, S. Breschi, F. Lissoni, "Knowledge spillovers and local innovation systems: A critical survey”, Industrial and Corporate Change, Vol 10, n°4, pp975–1005
  • 2005, David Audretsch, M. Keilbach, E. Lehmann, "The Knowledge Spillover Theory of Entrepreneurship and Technological Diffusion", In: Gary D. Libecap, dir., "University Entrepreneurship and Technology Transfer: Process, Design, and Intellectual Property", Advances in the Study of Entrepreneurship, Innovation, and Economic Growth – Volume 16, Bingley: JAI Press, Emerald Group Publishing, pp69–92
  • 2007,
    • David Audretsch, M. Keilbach, "The theory of knowledge spillover entrepreneurship", Journal of Management Studies, Vol 44, pp1242–1254
    • R. Agarwal, David Audretsch, M. B. Sarkar, "The process of creative construction: Knowledge spillovers, entrepreneurship, and economic growth”, Strategic Entrepreneurship Journal, Vol 1, n°3–4, pp263-286
  • 2009, David Audretsch, Zoltan Acs, Braunerhjelm Pontus, Bo Carlsson, "The knowledge spillover theory of entrepreneurship", Small Business Economics, 32(1)
  • 2013, Zoltan Acs, David Audretsch, E. Lehmann, "The Knowledge Spillover Theory of Entrepreneurship", Small Business Economics, Vol 41, n°4, pp757-774