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Juan de Mariana

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Juan de Mariana (Talaverne, 1536- Tolède, 1624) est un jésuite espagnol et théoricien politique.

Biographie

Fils illégitime d'un clerc, recueilli par la Compagnie de Jésus en 1554, il étudie à l'université d'Alcalá. Nommé professeur au Collège Romain en 1561, où il commente abondamment saint Thomas d'Aquin, il voyage en Italie, mais aussi en France où il assiste au massacre de la Saint-Barthélémy en 1572. Il reviendra en Espagne pour passer le reste de ses jours à Tolède.

Sa monumentale Histoire d'Espagne (1592-1595) a longtemps servi de référence, mais il est surtout connu pour sa défense du tyrannicide. C'est pourquoi son traité (anti-absolutiste) De Regis et Rege institutionis (1598), jugé subversif par les autorités politiques françaises, a été brûlé à Paris en 1610, en réaction à l'assassinat du roi Henri IV.

Ses idées

Mariana doit être compris comme un opposant aux idées de Nicolas Machiavel. Pour lui, le souverain doit obéir à des lois qui lui sont supérieures. La doctrine de la raison d'État lui paraît le comble de l'impiété, vu qu'elle se fonde sur le mensonge et l'hypocrisie. Il s'en explique en ces termes :

La doctrine de ces politiques est en fait sans valeur pour le maintien d'une république ou d'un royaume temporel.

Reprenant un topos hérité du conciliarisme médiéval, le jésuite estime que si le monarque est bien au-dessus de chacun de ses sujets pris individuellement, il n'est pas supérieur à la société considérée dans son ensemble. C'est pourquoi le souverain qui se croirait au-dessus du Droit naturel ou qui opprimerait ses sujets (par exemple, en leur interdisant de se rassembler pacifiquement) se mettrait hors-la-loi. Le peuple serait alors parfaitement légitimer à le déposer.

Sa haine du machiavélisme l'a poussé à saluer l'assassinat du roi Henri III (qui avait fait exécuter le duc de Guise après lui avoir tendu un traquenard que le Prince de l'auteur florentin exécré par Mariana n'eût pas renié). Dans l'acte du moine ligueur Jacques Clément, il déclara en effet avoir vu "l'honneur de la Gaule".

On doit également à Mariana un traité économique De monetae mutatione (1609), où il critique le "droit régalien de battre monnaie". Il voit dans la manipulation monétaire, et en particulier l'inflation, la source de l'appauvrissement et un symptôme de l'arbitraire royal. Elle n'est rien d'autre qu'un impôt qui ne dit pas son nom. Pour y remédier, notre auteur ne recommande pas de fixer autoritairement des prix plafonds, puisque l'augmentation des prix n'est qu'une manifestation et un effet de l'accroissement de la masse monétaire, mais suggère que le pouvoir royal diminue drastiquement ses dépenses somptuaires et réduise sévèrement l'octroi de privilèges (charges diverses, monopoles, etc.). Enfin, le roi doit s'abstenir de déclencher des guerres.

Citation

  • Le roi n'a pas de droit sur les biens du peuple et il ne peut les lui soustraire en tout ou en partie. Ainsi, serait-il licite que le roi entre dans une grange pour y prendre la moitié du blé et essaye de consoler le propriétaire en lui disant qu'il peut vendre le reste pour le double du prix ? Je ne pense pas que nous trouverions une personne soutenant un raisonnement aussi dépravé. C'est pourtant ce qui se passe avec la monnaie.
  • Les principes de gouvernement dépendent principalement de la bonne foi et de la vérité.

Voir aussi

Droit de résistance à l'oppression

Liens externes