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Princesse Mononoké
Princesse Mononoke (1997) est un film d'animation de Hayao Miyazaki
Fiche technique
- Titre original : Mononoke Hime
- Scénario : Hayao Miyazaki
- Photographie : Atsushi Okui
- Musique : Joe Isaishi
- Voix japonaises : Yoji Matsuda (Ashitaka), Yuriko Ishida (San), Yuko Tanaka (Dame Eboshi), Kaoru Kobayashi (Jiko-bô) Akihiro Miwa (Moro)
- Production : Studio Ghibli
- Sortie : 12 juillet 1997
Des humains et des Dieux
Japon ère Muromashi (XVe s.). La communauté Emishi vit loin du monde dans les montagnes du nord-est pour échapper à l’oppression du pouvoir. Leur village est attaqué par Tatari Gami, dieu sanglier que la souffrance et la haine ont rendu maléfique. Le jeune Ashitaka, pour protéger le village doit tuer le monstre mais celui-ci l’a blessé au bras droit : il est désormais contaminé par la malédiction et condamné à une mort lente. Pour conjurer le destin il doit les quitter les siens et trouver une explication et un remède à son mal. Il traverse un pays en proie à la guerre et rencontre l’étrange moine Jiko Bo qui lui parle de la forêt du Shishi Gami, où vivent les dieux animaux à l’ouest. Un convoi conduit par Dame Eboshi est attaqué parla déesse louve Moro et ses deux fils. L’attaque est repoussé et la louve blessée. Au bord d’une rivière, Ashitaka sauve deux survivants du convoi et aperçoit les loups en compagnie d’une jeune fille, San dite princesse Mononoke. Traversant le domaine du Shishi Gami, Ashitaka aperçoit le Dieu Cerf qui règne sur la forêt et atteint avec les blessés les forges du Tatara. Cette communauté de marginaux est dirigée par Dame Eboshi et assure sa prospérité par la fabrication d’arquebuses. C’est un projectile issu d’une de ces armes qui a blessé le Dieu sanglier. En tentant de sauver San, Princesse Mononoke, Ashitaka est très grièvement blessé. Seul le Dieu Cerf peut le sauver. Les sangliers sous la conduite du légendaire Okkotonushi veulent détruire les forges. Jiko Bo, qui travaille pour le gouvernement impérial, s’allie avec Dame Eboshi pour tuer le Dieu-Cerf et ramener sa tête à l’Empereur qui espère en obtenir la jeunesse éternelle. Tandis que les humains exterminent les sangliers, les forges sont attaqués par les samouraï des seigneurs voisins jaloux de la prospérité de la communauté. Dame Eboshi réussit à décapiter le Dieu-Cerf d’un coup d’arquebuse mais…
Le refus du destin
Cette fresque impressionnante a révélé le nom de Myiazaki au monde entier. C’est le seul de ces films, avec Totoro, qui se déroule au Japon et le ton y est plus grave que dans les œuvres précédentes. La guerre, la violence et la mort imprègnent tout le film. La multiplicité des références et des symboles, notamment empruntées à la religion traditionnelle japonaise, le shintoïsme, permet de nombreuses interprétations dont aucune n’épuise l’oeuvre. Comme toujours chez Myiazaki, beaucoup de personnages se révèlent ambivalents : Dame Eboshi et Jiko Bou en sont les exemples les plus éclairants. Princesse Mononoke est d’abord le récit d’une initiation, le jeune Ashitaka doit quitter le cocon protecteur de sa communauté pour affronter le monde extérieur et forger lui-même son destin. Il réussit à triompher de la haine qui l’habite et à guérir de cette haine la jeune San, ferments d’espoir pour l’avenir.
Les forges constituent une communauté très intéressante : anciens esclaves, paysans et prostituées ont rejeté la société féodale et rejoint Dame Eboshi, formidable figure d’entrepreneur au féminin. Ici, les rejetés trouvent leur place et révèlent leurs capacités : les lépreux ne sont pas de simples assistés, ils contribuent à l’amélioration des armes. Les forges doivent assurer leur propre défense face aux convoitises des seigneurs locaux comme du pouvoir impérial. On retrouve la méfiance de l’auteur vis à vis de l’État et de ses représentants, ici plus que douteux, à l’exception de cette sympathique canaille de Jiko Bou. L’Empereur est incapable de faire l’ordre dans le pays et se préoccupe seulement de posséder l’éternelle jeunesse. Les seigneurs guerriers et pillards voudraient mettre la main sur les richesses créées par le travail des habitants des Forges.
Loin du regard nostalgique de son ami Takahata, Myiazaki ne porte aucun jugement moral sur la disparition du vieux monde mythologique sous les coups de boutoir du progrès incarnée par l’activité industrielle du Tatara : aucun message écologiste dans cette fresque animée pourtant d’un esprit panthéiste. La nature est indifférente aux catégories morales à l’image du Dieu-Cerf muet et impassible, qui dispense indifféremment la vie et la mort et n’est nullement l’incarnation du Bien, ce que certains critiques attachés à une vision manichéenne n’ont guère compris. Miyazaki souligne enfin son refus des utopies par l’échec des communautés repliées sur elles-mêmes : les Emishi sont rejoints par les horreurs du monde extérieur en dépit de leurs efforts pour rester à l’écart et les Forges sont (provisoirement) détruites par l’obstination de Dame Eboshi qui perd un bras mais gagne une certaine sagesse.
Liens externes
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