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Préférence temporelle
La préférence temporelle est une notion nécessaire dans la compréhension des phénomènes et processus économiques.
La préférence temporelle est la mesure de la préférence subjective qu'une personne peut avoir pour des biens (ou services) immédiats plutôt que pour des biens (ou services) ultérieurs. Entrent en ligne de compte également : le temps nécessaire pour les acquérir, leur durée d'usage, la quantité future, etc. Toutes choses égales par ailleurs, le présent est toujours préféré au futur. Avec une faible préférence temporelle, on tend à épargner, à investir, à former du capital et à produire. Avec une préférence temporelle élevée, on tend à consommer et à vivre au jour le jour en cherchant des satisfactions immédiates.
Frank Albert Fetter explique l'évolution des taux d'intérêt par ce seul critère. Le taux d'intérêt n'a rien à voir avec la productivité marginale, il découle d'une préférence temporelle sociale, c'est un ratio entre le présent et le futur, qui permet de convertir des valeurs futures en valeurs présentes.
Autre exemple, c'est la préférence temporelle qui explique l'arbitrage entre le salaire et le profit. L'employé a un salaire avancé sur la vente, et l'employeur ou l'actionnaire parie sur une éventuelle vente future de l'objet/service qu'il a en sa propriété. Ce qui se traduit simplement par une prise de risque pour l'employeur ou le capitaliste que le salarié ne prend pas. On dit que le salarié a une préférence temporelle pour le présent (puisqu'il préfère vendre un service pour toucher de l'argent maintenant, plutôt que de vendre le produit transformé dans le futur), et l'employeur ou l'actionnaire a une préférence temporelle pour le futur (puisqu'il préfère acheter maintenant un service, pour vendre éventuellement l'objet ou le service demain). Le profit est simplement la rémunération de cette préférence temporelle pour le futur, qui n'est rien d'autre que de la rémunération du risque.
La préférence temporelle est un élément clé dans l'analyse autrichienne. Elle fournit aussi un élément d'explication des inégalités économiques, de la richesse et de la pauvreté.
Le rôle économique du temps
Malgré le proverbe populaire « le temps c'est de l'argent » l'analyse économique du point de vue facteur temps n'a acquis une importance constante qu'à partir des travaux de Jevons et notamment Böhm-Bawerk. L'idée essentielle est la distinction faite entre «biens actuels» et «biens futurs», l'idée que le processus de transformation implique un commencement et un devenir, impliquant aussi les notions de connaissance, d’apprentissage et d’incertitude qui sont liées.
L'action économique est soumise à l'irréversibilité du flux temporel, et le temps est pour tout agent économique un facteur rare.
Bibliographie
- 2021, Manoela Dutra Macedo, "Preferencia temporal: el enfoque de la Escuela Austriaca y un debate sobre el descuento hiperbólico", Procesos de mercado: revista europea de economía política, Vol 18, n°2, pp69-106
Citations
- « Le temps n'est pas pour l'homme une substance homogène dont seule la longueur compte. Ce n'est pas du plus et du moins en dimension. C'est un flux irréversible, dont les moments apparaissent dans une perspective différente selon qu'ils sont proches ou éloignés de l'instant où se passent l'évaluation et la décision. La satisfaction d'un besoin dans un avenir rapproché est, toutes choses égales d'ailleurs, préférée à la même dans un avenir distant. Les biens présents ont plus de valeur que les biens futurs. » (Ludwig von Mises, L'Action humaine - Chapitre XVIII — L'action dans le flux temporel)
- « Au sein des contraintes imposées par les facteurs externes et biologiques, un acteur fixe son niveau de préférence temporelle en accord avec ses évaluations subjectives. Les variations de ce niveau, et leur amplitude, au cours de sa vie dépendent de facteurs psychologiques personnels. Un homme peut ne se soucier de rien d’autre que du présent et de l’avenir le plus immédiat. Tel un enfant, il peut ne voir d’intérêt que dans des satisfactions immédiates ou à peine retardées. En accord avec son haut niveau de préférence temporelle, il peut vouloir être un clochard, un vagabond, un ivrogne, un drogué, un rêveur, ou simplement un type insouciant aimant travailler le moins possible pour apprécier chaque jour à plein. Un autre s’inquiétera constamment de son avenir et de celui de sa progéniture et, au moyen de l’épargne, pourra vouloir constituer un stock toujours croissant de capital et de biens de consommation durables pour fournir une offre croissante de biens futurs et une période toujours plus longue d’influence. Une troisième personne pourra ressentir un niveau de préférence temporelle quelque part entre ces extrêmes, ou ressentir des niveaux différents à différents moments et ainsi choisir encore un autre style de vie et de carrière. Pour autant, quel que soit le niveau original de préférence temporelle d’une personne ou la répartition de tels niveaux au sein d’une population, une fois qu’il est assez bas pour permettre la moindre formation d’épargne, de capital ou de biens de consommation durables, une tendance à la baisse du niveau de préférence temporelle est lancée, accompagnée d’un « processus de civilisation ». » (Hans-Hermann Hoppe, Démocratie, le dieu qui a échoué)
Liens externes
- (fr) La valeur économique du temps, selon Gary Becker par Henri Lepage
- (en) Some Applications of the Time-Preference Theory Ludwig von Mises
- (en) The Genetic-Causal Tradition and Modern Economic Theory, par Robin Cowan et Mario J. Rizzo
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