Vous pouvez contribuer simplement à Wikibéral. Pour cela, demandez un compte à adminwiki@liberaux.org. N'hésitez pas !
Laïcité
La laïcité désigne, d'une façon générale, le principe de séparation et indépendance de l'État vis-à-vis de toute institution religieuse ou toute forme de culte. Ainsi, les institutions dites laïques doivent respecter le libre exercice des convictions religieuses, et, toujours selon ce principe de neutralité, aucun culte ou dogme doit être privilégié en particulier.
Définition de la laïcité
La laïcisation de la société est une conception moderne qui participe d'une construction identitaire qui est liée soit à un principe juridique (loi de 1905) soit à une valeur, soit les deux à la fois. Parfois, la laïcité est associée à une idéologie politique, utilisant la laïcité comme une force de combat contre toutes les religions, sous une forme plus ou moins dissimulée de promotion de l'athéisme. Elle est parfois aussi utilisée comme un outil d'apaisement lorsqu'il existe des conflits ou oppositions entre différentes religions.
Selon le principe-valeur, la laïcité est la liberté de conscience et de croyance religieuse, laissant à chaque individu la liberté d'adhérer ou de non-adhérer à une conviction, dogme ou culte. Les convictions personnelles se bornent au domaine privé, n'ont alors pas d'expression de valeur publique dans l'espace monopolisé et aménagé par l'État.
L'enseignement laïque n'interdit pas la connaissance des religions, elle encadre la signification religieuse au sein d'une éducation civique motivée par des valeurs et postures laïques, c'est-à-dire les valeurs promues par l'État. L'enseignement des religions n'est pas incompatible avec la laïcité, puisque c'est la laïcité qui est enseignée à l'école. Il ne s'agit que de décrire des « us et coutumes », sur la base d'un principe non-discriminatoire, où l'on présente chaque religion d'un point de vue extérieur à celle-ci, d'un point de vue culturel en faisant abstraction des dogmes qu'elle peut véhiculer, chaque religion est présentée ainsi d'un même point d'égalité.
Par ailleurs, le terme laïc est également utilisé au sein de la religion catholique dans un sens très différent : il désigne une personne n'étant pas prêtre mais jouant un rôle actif dans l'organisation et l'animation des activités de l'église. Il s'agit en grande partie de femmes, puisque ces dernières n'ont pas accès à la prêtrise.
À l’époque où l’anglais est devenu la langue internationale, un terme français résiste à toute anglicisation, c’est celui de « laïcité ». Certains en tirent argument pour affirmer que la laïcité est une « exception française ». Peut-être est-il plus exact d’écrire que la laïcité est une « invention française », ignorée par certains pays, plus ou moins bien acclimatée dans d’autres ? Mais curieusement, si l’histoire des religions s’est beaucoup développée depuis le XIXe siècle, celle de la laïcité reste encore assez largement à écrire. En outre, et ceci explique sans doute en partie cela, plusieurs conceptions différentes de la laïcité s’affrontent encore aujourd'hui, si bien que la définition d’une « vraie laïcité » reste toujours en France, comme ailleurs, un sujet polémique.
Point de vue libéral sur la laïcité
Pour les libéraux, la laïcité est une tolérance, une neutralité à l'égard des religions. En matière de laïcité, les deux extrêmes que condamnent les libéraux sont les suivants :
- proscrire la religion ou les signes religieux en cherchant à l'exclure du domaine public pour le reléguer au domaine privé exclusivement (anticléricalisme, laïcisme intolérant : ainsi, en France, la laïcité est parfois vue comme « religion de la République ») ;
- tolérer les atteintes aux droits individuels causées par la religion (« laïcisme » relativiste ou laxiste).
En d'autres termes, la laïcité libérale ne consiste pas à rejeter dans la sphère privée la croyance religieuse mais à la laisser s'exprimer pacifiquement. Contrairement au point de vue étatiste et plus particulièrement social-démocrate, pour lequel l'expression d'une foi doit rester cantonnée au domaine privé et ne pas interférer avec l'espace public. Cette dernière attitude se remarque aussi dans la volonté étatique de contrôler la religion. On peut remarquer que la proscription de « signes religieux » oblige l'État à s'occuper de religion pour définir ce qu'est un « signe religieux », ce qui est une violation de la laïcité. La laïcité devient quasiment une religion d’État qui s'oppose à toutes les autres :
« L’État a voulu créer une « religion d’État » et la gérer comme un « clerc », comme celui qui sait ce qui est mauvais et ce qui est bon pour le gentil peuple obéissant. La laïcité est devenue « la religion d’État ». Une religion contre toutes les autres. Vous êtes libre de pratiquer votre religion à condition de ne pas la montrer. Est-ce la meilleure manière de faciliter la coexistence de plusieurs religions que d’en créer une nouvelle sous le magistère de l’État ? [...] On sait bien que l’État pollue tout ce qu’il institutionnalise. La laïcité construite et constamment amendée par de nouvelles lois est devenue une nouvelle contrainte qui crée justement des extrémismes. »
— Jacques Gautron, Extrémisme de la laïcité, in Libres !! - 100 idées / 100 auteurs / 100 feuillets'
Contestant l'administration de la religion par l'État, Émile Faguet avait bien noté :
« L'État est toujours antireligieux, même quand il administre la religion, surtout quand il l'administre, car il ne l'administre que pour la supprimer comme religion véritable. »
Le libéralisme rejette tout financement des cultes par l’État ou par l'impôt, et préconise une séparation des Églises et de l'État, comme illustrée par la loi de 1905 en France, nécessaire pour assurer une liberté religieuse.
Citations
- « La séparation absolue des Églises et de l'État, les Églises payées par leurs fidèles, administrées par leurs fidèles, gouvernées par ceux qui ont la confiance de leurs fidèles, c'est la seule solution libérale, c'est la seule solution rationnelle, c'est la seule solution pratique. » (Émile Faguet, Le Libéralisme[1])
- « L’État ne doit rien faire pour favoriser ou promouvoir une doctrine compréhensive particulière plutôt qu’une autre ou fournir d’avantage d’assistance à ceux qui en sont partisans. » (John Rawls)
- « Le libéralisme proclame la tolérance pour toute croyance et toute conception philosophique, non par indifférence à l'égard de ces choses que se trouvent sur un plan "plus élevé" mais parce qu'il est persuadé que l'assurance de la paix à l'intérieur de la société doit primer toute autre chose. Et c'est parce qu'il exige la tolérance pour toutes les opinions, toutes les Églises et toutes les sectes qu'il doit les ramener toutes dans leurs limites lorsqu'elles se montrent intolérantes. » (Ludwig von Mises)
- « Si la laïcité entretient un lien intime avec la démocratie, c’est que celle-ci respecte la liberté de tous les cultes et refuse l’intrusion de l’un ou l’autre de ces cultes dans la sphère publique, laquelle doit rester neutre. » (Jean-François Revel)
- « La conséquence naturelle de cette séparation, c’est le droit accordé au clergé de se constituer librement sous la forme d’une ou de plusieurs associations, de s’administrer à sa guise, sans aucune intervention de l’État, d’acquérir et de posséder sans limites d’étendue et de durée des biens immobiliers et mobiliers, de percevoir des cotisations, et de fixer à son gré le prix de ses services. Cette conséquence, les promoteurs et les partisans de la séparation de l’Église et de l’État se refusent toutefois à l’admettre. Ils redoutent ou feignent de redouter le retour des abus de l’Ancien régime ecclésiastique, l’accaparement du sol, la reconstitution d’une caste cléricale, assujettissant à son influence la société civile, etc., etc. ; mais ces abus et ces périls qui étaient réels lorsque la religion unie à l’État était en possession d’un monopole garanti par des pénalités draconiennes pourraient-ils se reproduire sous un régime de concurrence ? » (Gustave de Molinari, Religion[2])
Notes et références
- ↑ Émile Faguet, Le libéralisme, chapitre X : de la liberté religieuse
- ↑ Gustave de Molinari, Religion, Institut Coppet, p. 126
Bibliographie
- 1964, William Cage, "The Right to Pray", The Freeman, August
- Repris en 1995, "The Right to Pray", The Freeman: Ideas on Liberty, November, Vol 45, n°11, pp719-720
- 1995, Judd Patton, "The "Wall of Separation" Between Church and State", The Freeman: Ideas on Liberty, November, Vol 45, n°11, pp717-719 [lire en ligne]
- 2003, Henri Pena-Ruiz, Qu'est-ce que la laïcité, Folio, Acheter sur Amazon
- 2020, Peter Kurti, "Sacred & Profane: Faith and belief in a secular society", Connor Court: Redland Bay, QLD, Australie
Liens externes
Discussions sur le forum | |
---|---|
Qu'est-ce Que La Laïcité?, de de Henri Pena-Ruiz (for) | |
- (fr)L’Église et l’État, la grande histoire de la laïcité, présentation de l'ouvrage de Jean Etèvenaux, historien et enseignant
- (fr)Laïcité, neutralité, et subventions, par Roseline Letteron, professeur de droit public à l'Université de Paris-Sorbonne (Paris IV).
Accédez d'un seul coup d’œil au portail consacré au libéralisme politique. |
Accédez d'un seul coup d’œil au portail philosophie et épistémologie du libéralisme. |
Accédez d'un seul coup d’œil au portail sur les sujets de société. |