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Richard W. Scott

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L'étude des institutions est un domaine clé en sociologie, et Richard W. Scott, professeur de sociologie à l'université de Stanford, est un expert reconnu dans ce domaine. Grâce à ses travaux sur l'analyse économique des institutions et l'évolutionnisme, il a apporté une contribution importante à la compréhension de l'évolution des organisations et des institutions dans la société. Ses recherches ont notamment porté sur la question de savoir comment les acteurs interviennent pour introduire la nouveauté dans un système institutionnel et organisationnel, et comment s'opère l'émergence de nouveaux types d'institutions.

La vision novatrice de Dick Scott sur le changement institutionnel

L'apport majeur de Dick Scott sur le changement institutionnel réside dans sa vision novatrice qui prend en compte les sources de « perturbation » du changement, ainsi que la dé-institutionnalisation et l'émergence de nouveaux types d'institutions. Contrairement à la plupart des auteurs sur l'évolutionnisme et sur l'analyse économique des institutions, qui se concentrent sur la notion d'équilibre et d'isomorphisme structurel, Scott se demande comment les acteurs interviennent pour introduire la nouveauté et comment le changement est possible dans un système institutionnel et organisationnel.

En intégrant la théorie de l'agence dans sa réflexion sur le changement institutionnel, Scott propose une vision plus dynamique qui prend en compte les contraintes et les propriétés constitutives des institutions. Il souligne l'importance de comprendre comment les acteurs peuvent agir sur les institutions pour les changer, plutôt que de simplement constater leur conformité à un modèle d'équilibre préexistant.

Ainsi, l'approche de Dick Scott permet de mieux appréhender les processus de changement institutionnel en mettant en lumière les mécanismes par lesquels les acteurs peuvent intervenir pour perturber les institutions existantes et créer de nouvelles formes institutionnelles. Cela est particulièrement important dans le contexte de l'évolution rapide des environnements institutionnels et organisationnels, où les acteurs doivent souvent être capables de s'adapter rapidement à de nouvelles réalités et de développer des formes d'organisation innovantes pour y faire face.

Selon Dick Scott, les acteurs peuvent perturber les institutions existantes et créer de nouvelles formes institutionnelles par plusieurs mécanismes :

1. La contestation : Les acteurs peuvent contester les institutions existantes et les remettre en question en utilisant différents moyens tels que les manifestations, les grèves ou les pétitions. Cette contestation peut amener les institutions à se réformer pour répondre aux demandes des acteurs ou à être remplacées par de nouvelles institutions.

2. L'innovation : Les acteurs peuvent également créer de nouvelles formes institutionnelles en innovant dans les pratiques et les normes. Cette innovation peut prendre plusieurs formes, telles que la création de nouvelles technologies, de nouveaux modes de production ou de nouveaux modes d'organisation.

3. La mobilisation des ressources : Les acteurs peuvent mobiliser des ressources, telles que des capitaux, des compétences ou des réseaux de relations, pour introduire des changements institutionnels. Ces ressources peuvent leur permettre de surmonter les barrières institutionnelles existantes et de créer de nouvelles formes institutionnelles.

4. La cooptation : Les acteurs peuvent également utiliser la cooptation pour introduire des changements institutionnels. Ils peuvent par exemple essayer de s'associer avec les élites institutionnelles existantes ou de les convaincre de soutenir leurs idées pour créer de nouvelles formes institutionnelles.

En résumé, Dick Scott explique que les acteurs peuvent intervenir pour perturber les institutions existantes et créer de nouvelles formes institutionnelles en contestant, en innovant, en mobilisant des ressources ou en utilisant la cooptation. Ces mécanismes permettent aux acteurs de surmonter les contraintes institutionnelles et de créer des changements institutionnels significatifs.

L'apport de Richard Scott sur la relation entre les organisations et leurs environnements institutionnels

W. Richard Scott est reconnu pour ses recherches sur la relation entre les organisations et leurs environnements institutionnels. Voici un résumé des apports de Richard Scott :

- Le modèle rationaliste : cette perspective considère l'organisation comme une machine rationnelle qui doit être agencée conformément à des règles préétablies pour atteindre un objectif prédéfini. Les comportements et les relations entre les acteurs sont exclus de l'accomplissement des tâches. L'individu est assimilé à un agent technique au raisonnement économique.

- La perspective naturaliste : cette approche considère que les organisations sont avant tout des collectivités qui s'efforcent de s'adapter et de survivre aux difficultés qu'elles rencontrent. Les organisations ne doivent donc pas être considérées comme des moyens au service de fins qui leur seraient assignées. Elles sont avant tout des fins pour elles-mêmes. L'organisation est abordée comme un système organique.

- Modèle ouvert versus fermé : cette distinction met au centre de l'analyse l'action et l'incidence du milieu environnant sur le développement des organisations. Le modèle fermé met en avant la cohérence et la conformité au système en place, tandis que le modèle ouvert insiste sur l'influence de l'environnement. Les buts sont négociés de façon continue entre des groupes aux intérêts divergents.

- La perspective institutionnaliste : cette perspective considère les organisations comme étant influencées et façonnées par leur environnement institutionnel. Selon Scott, les institutions sont des ensembles de normes, de règles et de valeurs partagées qui régissent le comportement des acteurs sociaux dans des contextes spécifiques. Les organisations sont donc considérées comme des acteurs sociaux qui sont influencés par les institutions et qui en même temps contribuent à les façonner. Les organisations peuvent contribuer à la transformation des institutions en adoptant des pratiques innovantes ou en s'opposant aux pratiques existantes.

- La théorie de la contingence : cette perspective souligne que les organisations sont façonnées par leur environnement, mais qu'elles ont également la capacité de s'adapter à celui-ci. Les organisations doivent être en mesure de s'adapter à leur environnement en fonction des contingences auxquelles elles sont confrontées. Cette théorie prend en compte les facteurs internes et externes qui influencent les choix stratégiques des organisations.

En résumé, l'apport de Richard Scott sur la relation entre les organisations et leurs environnements institutionnels est d'avoir montré que les organisations sont façonnées par leur environnement institutionnel et qu'elles ont également la capacité de s'adapter à celui-ci. Les théories développées par Scott ont permis de mieux comprendre les mécanismes d'influence des institutions sur les organisations et de prendre en compte la complexité des relations entre les acteurs sociaux et leur environnement institutionnel.

Publications

  • 1965, "Reaction to Supervision in a Heteronomous Professionnal Organization", Administrative Science Quaterly, n° 10, juin, pp65-81
  • 1981, "Organizations: rational, natural, and open systems", Upper Saddle River, N.J.: Prentice Hall
    • 4ème édition en 1998
    • 5ème édition en 2003
  • 1983,
    • a. avec J. W. Meyer, Organizational environments: Ritual and rationality, Beverly Hills: Sage
    • b. “The organization of environments: Network, cultural and historical elements”, In: J. W. Meyer et Richard W. Scott, dir., Organizational environments, Beverly Hills, CA: Sage, pp155-175
    • c. avec P. M. Blau, Formal organizations : a comparative approach, London, Routledge and Kegan Paul
  • 1987, “The adolescence of institutional theory”, Administrative Science Quarterly, vol 32, pp493-511
  • 1990, "Technology and Structure: An Organizational-Level Perspective", In: Paul S. Goodman, Lee S. Sproull, 1990, dir., "Technology And Organizations", San Francisco: Jossey-Bass
  • 1991, "Unpacking institutional arguments", In: W. W. Powell, Paul DiMaggio, dir., "The New Institutionalism in Organizational Analysis", University of Chicago press, pp164-182
  • 1993, avec F. Dobbin, J. R. Sutton et J. W. Meyer, Equal opportunity law and the construction of internal labor markets, American Journal of Sociology, 99, pp396–427
  • 1994, "Institutions and Organizations: Toward a Theoretical Synthesis", In: Institutional Environments and Organizations: Structural Complexity and Individualism, pp55-80
  • 1995,
    • a. "Institutions and organizations", Thousand Oaks, CA: Sage Publications
      • Nouvelle édition en 2001, SAGE Publications
      • 4ème édition en 2014, "Institutions and Organizations: Ideas, Interests, and Identities", Los Angeles: Sage.
    • b. “Symbols and Organizations: From Barnard to the Institutionalists”, In: Oliver E. Williamson, dir., "Organization Theory: From Chester Barnard to the Present and Beyond", New York: Oxford University Press
  • 2000, avec M. Ruef, P. Mendel et C. Caronna, "Institutional change and healthcare organizations: From professional dominance to managed care", Chicago: University of Chicago Press
  • 2003, "Organizations - rational, natural and open system perspectives", Upper Saddle River, NJ: Pearson Prentice Hall
  • 2004, "Reflections on a Half-Century of Organizational Sociology", Annual Review of Sociology, 30, pp1-21
  • 2008, "Lords of the dance: Professionals as institutional agents", Organization Studies, 29, pp219-238