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Douglas W. Allen
| Douglas W. Allen | |||||
| Économiste | |||||
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| Dates | 1960 - | ||||
| Tendance | École néo-Institutionnelle, spécialiste des coûts de transaction | ||||
| Nationalité | |||||
| Articles internes | Autres articles sur Douglas W. Allen | ||||
| Citation | |||||
| Interwikis sur Douglas W. Allen | |||||
Douglas W. Allen, né le 15 août 1960, est un économiste américain qui doit l'essentiel de sa motivation de chercheur à l'apport de Ronald Coase et de sa théorie des coûts de transaction. Il est diplômé en 1983 (B.A.) et en 1984 (M.A) à l'université Simon Fraser. Il obtient son doctorat en 1988 à l'université de Washington sous la direction de Yoram Barzel. Ses domaines d'intérêt portent sur la théorie des prix et sur l'organisation industrielle.
La lecture institutionnaliste de Douglas Allen sur les droits de propriété
- La position générale de Douglas Allen sur les droits de propriété
Douglas Allen s’inscrit clairement dans la lignée de l’analyse économique néo-institutionnelle inaugurée par Ronald Coase, prolongée par Harold Demsetz et Douglass North. Son projet n’est pas de défendre une philosophie politique particulière, mais de fournir un cadre analytique pour comprendre comment les droits de propriété structurent les comportements économiques et façonnent les institutions.
Pour Allen, les droits de propriété ne sont pas des entités juridiques figées mais des instruments d’organisation sociale. Leur rôle central est de réduire les coûts de transaction, c’est-à-dire les coûts liés à la définition, à la protection et à l’échange des droits sur les ressources. Dans cette perspective, un système de droits de propriété bien conçu est celui qui permet de minimiser ces coûts et, par conséquent, de maximiser la richesse nette produite par les interactions économiques
Ce qui frappe dans son approche, c’est son souci constant de rester dans une démarche positive et descriptive, et non normative. Allen ne propose pas une vision idéale de la société, encore moins une société sans État. Il s’attache plutôt à expliquer pourquoi, dans certains contextes, on observe l’émergence de droits de propriété plus ou moins complets, plus ou moins divisés, et comment ces configurations répondent à la contrainte de rareté et aux incitations économiques.
Dans cette logique, l’État n’est pas perçu par Allen comme un intrus à éliminer, mais comme l’une des institutions, parmi d’autres, qui participent à la définition et à la protection des droits. Ce qui importe, ce n’est pas la légitimité de son intervention en termes philosophiques, mais son efficacité à réduire les coûts de transaction et à assurer un cadre stable aux échanges.
Allen s’inscrit dans une tradition où les droits de propriété sont compris comme un faisceau modulable de prérogatives (usage, exclusion, transfert, revenu), façonné par les conditions économiques et les contraintes institutionnelles. Il ne cherche pas à prescrire une voie vers une société idéale, mais à montrer, par l’observation et le raisonnement économique, comment les droits évoluent en fonction des besoins d’organisation et des incitations qui pèsent sur les acteurs.
Allen face à l’anarchisme praxéologique
La lecture de Douglas Allen montre immédiatement un décalage avec une perspective anarchiste praxéologique. Là où Allen reste fidèle à l’analyse néo-institutionnelle, l’anarchisme praxéologique se nourrit d’une logique radicalement différente : partir de l’action humaine individuelle (praxis) comme seul fondement, et envisager l’ordre social comme produit de la coopération volontaire, sans recours à un État centralisé.
Chez Allen, l’État est une institution parmi d’autres, mais il est loin d’être marginal. Il joue un rôle décisif dans la définition et la protection des droits de propriété. Certes, Allen reconnaît que les droits peuvent exister sans légalité formelle, par exemple, des accords coutumiers ou des pratiques communautaires peuvent organiser l’usage d’une ressource. Mais son cadre théorique ne vise jamais à délégitimer l’État en tant qu’acteur. Il s’intéresse plutôt à mesurer son efficacité : l’État est évalué en fonction de sa capacité à réduire les coûts de transaction, à sécuriser les échanges et à rendre possible une accumulation de richesse nette.
L’anarchisme praxéologique, au contraire, part d’une critique fondamentale de l’État. Si les individus agissent toujours pour maximiser l’efficacité de leurs droits, pourquoi confier à une autorité centralisée le pouvoir de contraindre, de redistribuer ou d’imposer des règles uniformes ? Du point de vue anarchiste, la propriété n’a pas besoin de l’État pour exister : elle naît de l’usage, de la reconnaissance mutuelle et de l’accord volontaire. Ce sont les droits économiques effectifs, c’est-à-dire les capacités réelles d’action sur une ressource, qui constituent le socle de l’ordre social et non les droits légaux octroyés par une autorité supérieure.
Le contraste apparaît aussi dans la manière de concevoir les faisceaux de droits. Allen analyse leur division, leur incomplétude et leur imperfection comme des faits institutionnels inévitables, que les systèmes de droits de propriété tentent de gérer. L’anarchisme praxéologique, lui, voit dans cette plasticité la preuve que la propriété est un ordre vivant, fluide, façonné par l’interaction des individus, et qu’il n’a pas besoin d’un monopole légal pour fonctionner.
Allen reste un penseur instrumentaliste : il évalue les droits de propriété et les institutions qui les portent à l’aune de leur efficacité économique. L’anarchisme praxéologique, en revanche, fait de la liberté contractuelle et de l’auto-organisation le principe central, en considérant l’État comme une source de coûts supplémentaires et de distorsions. Là où Allen cherche à expliquer « comment » les droits se structurent, l’anarchisme cherche aussi à affirmer « pourquoi » ils doivent s’affranchir de toute centralisation.
Bibliographie
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Littérature secondaire
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- Joel Mokyr et José-Antonio Espín-Sánchez, "The Institutional Revelation: A comment on Douglas W. Allen’s The Institutional Revolution", The Review of Austrian Economics, vol 26, n°4, décembre, pp375-381
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