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'''Yvon Gattaz''', né le [[17 juin]] [[1925]] est un entrepreneur français, fondateur de plusieurs associations patronales et ancien président du CNPF, actuel MEDEF. Il s'est fait le héraut des petites et moyennes [[entreprise]]s, en particulier par des associations comme Ethic, ASMEP-ETI et Association Jeunesse-Entreprise (AJE). | '''Yvon Gattaz''', né le [[17 juin]] [[1925]] et mort dans la nuit du 11 au 12 décembre [[2024]], est un entrepreneur français, fondateur de plusieurs associations patronales et ancien président du CNPF, actuel MEDEF. Il s'est fait le héraut des petites et moyennes [[entreprise]]s, en particulier par des associations comme Ethic, ASMEP-ETI et Association Jeunesse-Entreprise (AJE). | ||
== | == Biographie d'Yvon Gattaz == | ||
=== L'ingénieur entrepreneur === | === L'ingénieur entrepreneur === | ||
Il naît à Bourgoin-Jallieu dans une famille d'enseignants | Il naît à Bourgoin-Jallieu dans une famille d'enseignants, son père et son grand-père étaient enseignants. Il intègre l'école centrale de Paris puis devient ingénieur aux Aciéries du Nord (1948-1950) et chef de division chez Citroën (1950-1954). | ||
Il débute sa carrière d'entrepreneur | Il débute parallèlement sa carrière d'entrepreneur, lorsqu'il fonde en [[1952]], avec son frère Lucien Gattaz, la société Radiall, spécialisée dans les composants électroniques. Celle-ci se développe rapidement sous l'impulsion des deux frères et s'installe à partir de [[1968]] à Rosny-sous-Bois. Yvon Gattaz en reste PDG jusqu'en 1993. Il devient alors président du conseil de surveillance. | ||
En 1973, « à l'époque où fleurissaient joyeusement les utopies de l'autogestion véhiculées avec délectation par des syndicalistes et par de bons esprits qui n'avaient jamais dirigé une entreprise »<ref>Yvon Gattaz, ''Mes Vies d'entrepreneur'', Fayard, 2006, p.84</ref>, il fonde avec [[Michel Drancourt]], [[Octave Gélinier]] et [[Jacques Plassard]] la lettre socio-économique ''[[Les Quatre Vérités]]'', à la ligne éditoriale libérale classique. Comme le souligna [[Michel Drancourt]], le journal fut créé | En 1973, « à l'époque où fleurissaient joyeusement les utopies de l'autogestion véhiculées avec délectation par des syndicalistes et par de bons esprits qui n'avaient jamais dirigé une entreprise »<ref>Yvon Gattaz, ''Mes Vies d'entrepreneur'', Fayard, 2006, p.84</ref>, il fonde avec [[Michel Drancourt]], [[Octave Gélinier]] et [[Jacques Plassard]] la lettre socio-économique ''[[Les Quatre Vérités]]'', à la ligne éditoriale libérale classique. Comme le souligna [[Michel Drancourt]], le journal fut créé « pour essayer de faire mieux connaître le vrai libéralisme, qui est un humanisme, face aux promesses illusoires du programme commun qui venait de naître » <ref>« Une figure de proue de l'entreprise moderne », [[Michel Drancourt]], ''[[Les Echos]]'', 25 août 2004</ref>. | ||
=== L'adversaire de Mitterrand === | === L'adversaire de Mitterrand === | ||
Parallèlement, il mène une carrière majeure dans les organisations patronales ; il est membre du comité exécutif du CNPF à partir de [[1975]]. Il en devient président en [[1981]], alors que les [[socialisme|socialistes]] et les [[communisme|communistes]] accèdent au pouvoir en [[France]]. [[François Mitterrand]], nouveau président de la [[ | Parallèlement, il mène une carrière majeure dans les organisations patronales ; il est membre du comité exécutif du CNPF à partir de [[1975]]. Il en devient président en [[1981]], alors que les [[socialisme|socialistes]] et les [[communisme|communistes]] accèdent au pouvoir en [[France]]. [[François Mitterrand]], nouveau président de la [[République]], défend un programme radical, le Programme commun de la gauche. Il inclut la [[nationalisation]] de larges pans de l'économie ([[banque]]s, industrie, etc.), la « démocratisation » du fonctionnement des entreprises, l'augmentation forcée des salaires ou la réduction du temps de travail, ainsi que la création d'un [[impôt sur la fortune]] dont les conséquences négatives perdurent aujourd'hui encore. | ||
Très vite, l’organisation et son président entament une « guerre des tranchées » avec le gouvernement socialiste en place, pour l'amener à revenir sur ses réformes et vers l'[[économie de marché]]. Gattaz et Mitterrand s'opposent avec force sur les [[nationalisation]]s, le passage aux 39 heures, la flexibilité du temps de travail, ou encore sur l'[[impôt sur la fortune|impôt sur les grandes fortunes]] et la loi d’amnistie. En juin [[1983]], le CNPF obtient à Matignon un moratoire sur les charges et l’écrêtement de la taxe professionnelle en échange de l’engagement des entreprises à investir. | Très vite, l’organisation et son président entament une « guerre des tranchées » avec le gouvernement socialiste en place, pour l'amener à revenir sur ses réformes et vers l'[[économie de marché]]. Gattaz et Mitterrand s'opposent avec force sur les [[nationalisation]]s, le passage aux 39 heures, la flexibilité du temps de travail, ou encore sur l'[[impôt sur la fortune|impôt sur les grandes fortunes]] et la loi d’amnistie. En juin [[1983]], le CNPF obtient à Matignon un moratoire sur les charges et l’écrêtement de la taxe professionnelle en échange de l’engagement des entreprises à investir. | ||
Le tournant de la rigueur et la renonciation à une partie des objectifs du programme commun de 1972 | Le tournant de la rigueur et la renonciation à une partie des objectifs du programme commun de 1972 commencent à donner raison au combat mené, entre autres, par Gattaz. Pourtant, en décembre [[1984]], après l’échec de la négociation interprofessionnelle sur l’adaptation des conditions d’emploi, le CNPF choisit de renoncer à dialoguer avec le pouvoir en place jusqu’aux législatives de [[1986]], qui verront la victoire de l’opposition et l'arrivée de [[Jacques Chirac]] comme Premier ministre. | ||
En [[1986]], la chute de la majorité socialiste et communiste entérinée, Yvon Gattaz devient président d'honneur du CNPF. | En [[1986]], la chute de la majorité socialiste et communiste entérinée, Yvon Gattaz devient président d'honneur du CNPF. | ||
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Yvon Gattaz est également connu pour avoir fondé Ethic (Entreprises de taille humaine indépendantes et de croissance), un mouvement patronal en faveur des entreprises à taille humaine, l'Association des moyennes entreprises patrimoniales (ASMEP), devenue en 2009 ASMEP-ETI ainsi que Association Jeunesse et entreprises (AJE) qu'il a fondée en [[1986]] et qui vise à rapprocher les jeunes du monde de l'entreprise. | Yvon Gattaz est également connu pour avoir fondé Ethic (Entreprises de taille humaine indépendantes et de croissance), un mouvement patronal en faveur des entreprises à taille humaine, l'Association des moyennes entreprises patrimoniales (ASMEP), devenue en 2009 ASMEP-ETI ainsi que Association Jeunesse et entreprises (AJE) qu'il a fondée en [[1986]] et qui vise à rapprocher les jeunes du monde de l'entreprise. | ||
Il continue à défendre une économie moins réglementée, plus [[liberté économique|libre]] et moins subventionnée et protégée par l' | Il continue à défendre une économie moins réglementée, plus [[liberté économique|libre]] et moins subventionnée et protégée par l'État. Il écrit ainsi que « l'entreprise n'a pas besoin d'aides, elle a besoin d'air » <ref name="CSS">Yvon Gattaz, ''Mes Vies d'entrepreneur'', p.167</ref>. | ||
Il a également dénoncé à de nombreuses reprises l'enseignement de l'économie | Il a également dénoncé à de nombreuses reprises l'enseignement de l'économie en France, qui fait une large part aux auteurs [[Karl Marx|marxistes]] au détriment de [[Jean-Baptiste Say]], [[Adam Smith]] ou de [[Joseph Schumpeter]]. Il a ainsi pris part au rapport de l'académie des sciences morales et politiques (ASMP) sur la question<ref>L’enseignement de l’économie dans les lycées : une réforme nécessaire, Canal Académie, 8 juillet 2008</ref>, et dénoncé l'embrigadement mené par certaines revues dites de référence, comme ''[[Alternatives économiques]]''. | ||
Il défend avec force l'importance d'une gestion de l'entreprise respectueuse des individus qui y [[travail]]lent, ainsi que l'importance de la confiance, de l'espoir et de l'enthousiasme dans le fonctionnement d'une [[économie de marché]]. | Il défend avec force l'importance d'une gestion de l'entreprise respectueuse des individus qui y [[travail]]lent, ainsi que l'importance de la confiance, de l'espoir et de l'enthousiasme dans le fonctionnement d'une [[économie de marché]]. | ||
Il a reçu de nombreuses récompenses : le prix mondial Cino Del Duca en [[2001]] et la grande médaille d'or de la | Il a reçu de nombreuses récompenses : le prix mondial Cino Del Duca en [[2001]] et la grande médaille d'or de la Société d'encouragement au progrès en 2004. Il est grand officier de la Légion d'honneur et Grand-Croix de l'Ordre national du Mérite. Il a également été membre du Conseil économique et social de [[1979]] à [[1989]]. Auteur de nombreux livres, il a été élu membre de l'Académie des sciences morales et politiques le 29 mai [[1989]], il en préside la section Économie politique, Statistique et Finances. | ||
== Un libéralisme dans l'action == | == Un libéralisme dans l'action == | ||
Le [[libéralisme]] d'Yvon Gattaz s'incarne non dans une | Le [[libéralisme]] d'Yvon Gattaz s'incarne, non dans une œuvre théorique importante, mais dans l'action : opposition au [[socialisme]] en [[1981]], combat pour faire connaître le fonctionnement des [[entreprise]]s et de l'[[économie de marché]], défense d'une économie plus libre, moins réglementée, etc. De même, sans avoir pris part à la création de l'[[ALEPS]], il a été très proche de son fondateur, [[André Arnoux]], comme de l'économiste aixois [[Jacques Garello]]. ''Les Quatre Vérités'', qu'Yvon Gattaz avait créé, défendait des idées proches à de nombreux égards d'un libéralisme modéré. Quand les fondateurs quittèrent le titre, il fut cédé gratuitement à [[Alain Dumait]], qui en fit le « journal de la droite libérale ». | ||
=== Erreur courante : le libéralisme est l'idéologie des chefs d'entreprise === | === Erreur courante : le libéralisme est l'idéologie des chefs d'entreprise === |